S’il y a bien un genre cinématographique que j’exècre, c’est la comédie musicale. Qu’il s’agisse des films modernes ou des classiques de la MGM. Voir des gens chanter à l’écran sans raison, pour exprimer pendant 5 minutes une idée simple, est un supplice pour moi. Mais en bon cinéphile, je prends mon mal en patience et je tente d’apprécier le reste.
Toutefois, mon premier visionnage de « Singin’ in the Rain » il y a une dizaine d’années fut une révélation : oui je peux prendre mon pied devant une comédie musicale ! Après 3 ou 4 visionnages, je l’apprécie toujours autant, et plus que n’importe quel autre film musical.
Pourquoi ?
Sans doute parce contrairement à beaucoup de ses congénères, ce long-métrage limite les numéros musicaux. Ils sont relativement courts, et surtout, souvent intégrés à l’intrigue et à la diégèse du film. Mis à part le dernier morceau d’un quart d’heure, totalement gratuit d’un point de vue narratif. Mais les talents de danseur de Gene Kelly et l’audace visuelle de la mise en scène le justifient.
Ce sont d’ailleurs parmi les grandes qualités de « Singin’ in the Rain ». Le talent, l’énergie incroyable, et la camaraderie rayonnées par le trio Gene Kelly / Debbie Reynolds / Donald O’Connor… malgré des tensions sur le tournage. Anecdote célèbre, Debbie Reynolds s’était attirée les foudres du méticuleux Gene Kelly, son niveau de danse étant jugé trop faible ! Entraînement intensifs et pieds en sangs à la clé…
La grande qualité de la mise en scène, effectuée par Stanley Donen et Gene Kelly. Des idées novatrices, des mini-montages qui explosent les mirettes, des tableaux somptueux, des scènes devenues emblématiques. Mais aussi un sens impeccable du rythme et de l’humour.
Car « Singin’ in the Rain » est avant tout une comédie formidablement drôle, doublée d’un feel good movie nostalgique. Bourré de petits gags burlesques et de piques bien trouvées, le film revient avec amusement sur une période pourtant tourmentée du 7ème Art. La fin du muet et l’avènement du parlant, la première révolution du cinéma, d’une violence inouïe, qui fit sombrer (et naître) de nombreuses carrières.
De manière étrange, c’est à l’époque « An American in Paris », sorti l’année précédente, qui éclipsa « Singin’ in the Rain ». Il faudra attendre plusieurs années pour que celui-ci n’obtienne son statut mérité de grand classique.