Chappie est un film SF qui se veut avant tout émouvant et drôle et qui est assez éloigné des thématiques sociales habituelles chères à Neil Blomkamp.
En premier lieu, ce que j'ai trouvé dingue dans Chappie, c'est d'arriver à tirer autant d'émotions d'un robot. J'avais les larmes aux yeux la plupart du temps, son innocence crève l'écran et en plus il est drôle, vraiment à mourir de rire. Chappie est une I.A vraiment unique, c'est son expérience de vie, ce qu'il apprend de ces expérimentations, les décisions prises au cours du film, les personnes rencontrés ... qui permettent de parfaire son éducation. On part donc du principe qu'il est impossible de reproduire avec exactitude les conditions exactes de son "éducation". A ce titre, Chappie est bel et bien unique. Non vraiment, Chappie est un personnage fascinant, probablement le plus touchant des robots que j'ai vu dans un film SF depuis très longtemps et il le doit aussi à la performance d'acteur de Sharlto Copley (acteur fétiche du réalisateur) qui lui prête la voix.
Chappie le robot, c'est donc ce que j'ai retenu de plus fort dans le film, mais pas seulement. Hugh Jackman et sa coupe mulet vraiment dégueulasse, à la "MacGyver", est vraiment drôle lui aussi. Quant au gang interprété par les membres du groupe Dis Antwoord, ça peut faire office de délire perso de Neil Blomkamp, mais ouais ça marche vraiment bien. Le film repose entièrement sur cette promesse, celle d'un gang tellement "weird" qui élève ce robot pour en faire le "gangsta number one", ceci dans le but de commettre un braquage. Sur le papier ça tient du délire, mais dans le film les promesses sont parfaitement tenues et même largement dépassées. Les membres du gang se montrent à la fois cruels, drôles, effrayants, extrêmes dans tous les sens du terme, mais finalement très attachants. Et sans être extraordinaire, Dev Patel est très bon dans son rôle de créateur de Chappie (il fait le job, ni plus ni moins, quoi !). Quant à Sigourney Weaver, elle se contente de faire de la figuration, malheureusement. On sait que le réalisateur est fan de la franchise Alien et de Ripley, il a juste voulu se faire plaisir et diriger l'actrice dans son film. On ne lui en tiendra pas rigueur.
Non vraiment, Chappie est une totale réussite. On passe du drame à la comédie, de l'action à la SF métaphysique et le tout parfaitement bien dosé. L'écritures des personnages est fine et l'équilibre des tons est parfaitement trouvé. Et comme je le disais en début de cette critique, cette fois-ci Neil Blomkamp s'éloigne quelques peu de ses thèmes habituels et de ses obsessions développés dans District 9 et Elysium. Il s'intéresse ici à des questions plus philosophiques et métaphysiques, à savoir comment définir l'âme? Un robot peut-il être doté d'une âme, qu'elle est la part de l'inné et de l'acquis, de la nature et de l'éducation ... on a pas vraiment de réponses à ces questions, mais le film a au moins le mérite de les soulever et de susciter la réflexion.
Sur la forme, Chappie est également une grande réussite. Les scènes d'action ne sont pas très nombreuses, mais lorsqu'elles interviennent elles sont vraiment jouissives et très spectaculaires. Le style documentaire de la mise en scène chère au réalisateur est une fois de plus maitrisé et surtout parfaitement lisible. Quant aux effets spéciaux, point sur lequel on attendait Neil Blomkamp au tournant, ils ne nous déçoit vraiment pas. Le dosage entre effets numériques et animatroniques est parfait, au point où il est impossible de déceler la différence entre les passages où on passe d'une technique à l'autre. Chappie est tellement crédible, jamais un robot n'a semblé être aussi vivant.
Bref, de mon point de vue Chappie est une totale réussite, un film SF drôle, émouvant, original et audacieux ... en somme, un film digne de District 9 et Elysium.