Après le ratage Elysium, désavoué récemment par Blomkamp en interview, le futur metteur en scène d'Alien 5 rassure en partie les fans de la première heure, dont je fais partie.
Et comme pour District 9, Chappie est tiré d'un court-métrage, son tout premier, Tetra Vaal (2004), disponible ici. Et déjà les prémices d'une SF réaliste, brute et industrielle.
Autant dire qu'on est en territoire connu, avec une prise de risque limitée, l'idéal pour se remettre en selle.
Mais ne nous y trompons pas, avec son budget de 115 milions de dollars, Chappie est avant tout un blockbuster SF/Action, pour le meilleur, et pour le pire.
Pour le meilleur...
Au niveau des thématiques, le début du film renvoie évidemment à Robocop, avec ces robots-flics qui s'imposent comme le dernier rempart face à une société au bord du chaos. Enjeux industriels, dénonciation du tout sécuritaire, place de l'homme face à la machine, tous les questionnements du chef d'oeuvre de Verhoeven s'y retrouvent, avec une mise à jour 2.0 de ces thématiques, et l'intégration terriblement actuelle de l'Intelligence Artificielle. Une machine peut-elle être une entité à part ?
Côté technique, le robot Chappie (souvent assez drôle) est incroyable de réalisme, de vérité, dans sa gestuelle(la meilleure animation depuis Wall-E), avec un côté "maquette" authentique, organique, qui rappelle encore une fois Robocop (sans parler du plagiat énorme du ED-209 pour la séquence finale !)
Les scènes d'actions sont enfin lisibles, le montage est la plupart du temps limpide et le rythme maîtrisé. Jusque là, tout va bien.
Oui mais...
L'évolution de Chappie prend rapidement le pas sur les thématiques d'origines, sous l'angle principalement sentimental, rappelant le très bancal A.I.
Pas l'approche la plus pertinente, mais assez logique dans le cadre d'un script prévisible, qui cherche à installer des enjeux dramatiques, quitte à tomber parfois dans le pathos...
Mais surtout, l'étrange sensation provoquée par le personnage complètement débile campé par Hugh Jackman, un méchant en carton.
Il fait absolument n'importe quoi, se contentant de créer un gros bordel démesuré, qui justifiera des scènes d'action bourrines et efficaces, mais sans imagination.
Bref, on est sur des rails jusqu'à la fin, entre morceaux de bravoure et tire larmes à la limite de la vulgarité. On en oublie l'ambition de départ, sur l'évolution de Chappie, qui en devient vite manichéenne (choix entre le bien/mal sans nuance, digne du sympathique et familial Short Circuit, on en attendait plus ici).
Et on en garde un Blockbuster clairement dessus de la moyenne, avec un background intéressant, mais simple prétexte à des séquences d'actions efficaces.
Finalement, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle en sortant de la séance...
- Chappie rassure, Blomkamp n'est pas mort, Elysium n'a jamais existé.
- Mais rien ne permet de se réjouir pour Alien 5, Blomkamp n'a toujours pas totalement convaincu, quand il s'agit d'assumer un film à gros budget, qui plus est dans un univers sensiblement différent, avec la pression d'un cahier des charges, les codes, d'une saga à respecter.
Wait and see.