Après les thématiques futuristes socialement engagées de District 9 et Elysium, Neill Blomkamp reprend sa caméra nerveuse pour créer, avec Chappie, un conte manga cyberpunk autour d'un robot policier qui prend "vie" et "voix" en développant sa propre intelligence artificielle et des caractéristiques humaines (Sharlto Copley livre d'ailleurs une interprétation magistrale grâce à la performance capture).
Sur le fond, le film propose de nombreuses pistes de réflexions intéressantes (l'éducation, l'existence, la bioéthique …). C'est notamment le cas avec le point de vue du créateur qui tend à suggérer que l'évolution humaine, puisqu'elle aura désormais à faire avec cette technologie sans cesse grandissante, devrait plutôt apprendre à domestiquer et à adopter cette avancée évolutive, plutôt que d'en tirer des profits militaires.
Malheureusement l'action prend le pas sur la réflexion et le film n'est donc pas exempt de défauts. Outre quelques incohérences dans le scénario, la plus grande déception vient sans aucun doute du personnage interprété par Ugh Jackman dont la seule motivation est de pouvoir enfin utiliser son propre joujou. Véritable coquille vide, ce personnage incarne le stéréotype du méchant alors qu'il aurait pu développer un point de vue déontologique sur la maîtrise des technologies par l'homme et les conséquences engendrées par une mauvaise utilisation.
Visuellement spectaculaire, le film nous gratifie parfois de quelques moments d'émotion à travers la conscience enfantine d'un robot, davantage remplie d'humanité et de tolérance que les humains eux-mêmes. Mélange de poésie WTF et de violence graphique dans les rues délabrées de Johannesburg, Chappie est une fable moderne malheureusement happée par le cahier des charges d'un Blockbuster SF.