Neill Blomkamp avait réalisé un premier film plutôt bluffant, bien qu’imparfait, avec District 9. Haletant pendant une bonne partie, malin dans la forme, le résultat était accrocheur et donnait envie de suivre la carrière du jeune sud-africain. Las, Elysium avait fait déchanter les gens de goût avec sa rhétorique épaisse est son abandon à la starification. Film fait pour mettre en valeur Matt Damon, il oubliait ce qui avait fait la force de son premier opus en ne gardant que sa fascination pour la SF un peu cradingue.
Chappie est un retour aux sources à la fois dans le contexte, puisque on assiste à un au revoir Los Angeles et à un welcome back Jo’burg version cheap et encore plus craignos des faubourgs de la côte ouest américaine. C’est d’ailleurs à mon sens le message que nous envoie Blomkamp dès les premières images du film avec les interviews de deux spécialistes analysant rapidement l’histoire à laquelle nous allons assister.
Retour au vrai/faux documentaire qui était une des raisons du succès de District 9, le cinéaste renoue aussi avec ce qui avait fait la force du premier film, si certains acteurs sont très connus (Hugh Jackman et Mme Ripley) ils ne sont pas en tête d’affiche. Celle-ci est occupée par un quatuor pour le moins curieux : un couple de musiciens à la ville (conservant leurs patronymes de scène pendant le film qui est agrémenté de leur musique), un jeune surdoué de l’informatique programmant la première vraie intelligence artificielle, et enfin Chappie, résultat des recherches de ce dernier, et miroir déformant des vicissitudes de l’humanité.
Clairement libéré d’un certains nombres d’entraves qui pourrissaient son film précédent, Blomkamp livre une œuvre que je qualifierais de plus fine et personnelle bizarrement. Plus fucked up aussi, moins sage, tous les personnages sont brisés d’une manière ou d’une autre. Le cheminement éducatif de Chappie, en scènes drôles et prises de consciences amères des réalités de l’humanité est plutôt efficace, est là où tout était souligné, marqué, surligné, gravé dans Elysium, le sujet de l’accession à l’humanité, ou en tout cas à l’Existence (avec un E majuscule) de Chappie, se fait de manière plus fine et visuelle, puisque celui-ci l’obtient par un acte désintéressé ne nécessitant pas de dialogue superfétatoires.
On est pas devant un chef d’œuvre et certaines scènes portent peut être un peu trop à sourire, mais le film et réussi et donne à nouveau envie de suivre la carrière de Neill Blomkamp.