Neil Bloomkamp était attendu au tournant apres son excellent District 9 et le moyen et décevant Elysium. Et franchement pour Chappie : chapeau !
Pas de doutes lorsqu'on voit les premières images du film : elles sont signées du réalisateur sud africain. La SF d'anticipation bien sale transpire à grosses gouttes une huile crasseuse pour peindre une nouvelle fois une image d'Afrique du Sud bien dégeu que l'office du tourisme de Johannesburg aura bien du mal à laver. Tout son style s'y retrouve donc pour notre plus grand plaisir : un opening sur des images de JT violentes, une entreprise puissante et militarisée, des machines industrielles hitech, des bidouillages de geek, des robots policiers, des thugs et une poignée de gore et boom ça fait du Bloomkamp ! On notera cependant que le film s'arme aussi de son lot de nouveautés avec un Hugh Jackman aussi crédible que sa coupe mulet est affreuse, et le duo Die Antword, (que je préfère mille fois à l'écran que dans mes écouteurs) qui joue quasiment son propre rôle et apporte une fraîcheur gangsta punk pop hello kitty déglinguo des plus appréciables dans l'univers du film.
La thématique assez classique de l'intelligence artificielle est compensée par un angle plutôt original qui est l'éducation de Chappie. Tout gravite autour du robot-enfant qui apprend de ses expériences et de son éducation partagée entre des parents gangsters, son créateur geek qui n'a finalement pas gagné des millions, et l'école de la rue feat. des cocktails molotov ; la vie à la dure quand on est un ancien robot policier. Chappie devient donc vraiment très attachant pour le spectateur dans sa crise d'identité artificielle et ça donne des situations fort drôles (les vols de voitures par exemple) aussi ubuesques que plausibles dans cet univers futuriste mais pourtant très crédible qui s'inspire de nombreuses références allant de Robocop en passant par Wall-E et bien sûr Elysium et District 9. Mais la vraie surprise de Chappie, c'est son côté émouvant inattendu avec des liens forts entre des personnages charismatiques qui évoluent sans jamais tomber dans la niaiserie ou les clichés scénaristiques (feat. la fin surprenante)
La BO de Hans Zimmer, puissante, fonctionne très bien avec la photographie de Bloomkamp qui utilise pas mal de ralentis très badass et très réussis sans jamais tomber dans le too much. Car c'est sûrement là la force de Bloomkamp : nous servir de l'action spectaculaire tout en restant sobre sur les effets pour donner un visuel cru très réaliste pour une immersion optimale.
Bref voilà un bon film de SF pour ce début d'année qui commence fort.
Ps : à la fin il fait un ctrl/X ctrl/V