Charulata est une femme au foyer, je dirais au service de son mari patron de presse, et dont le métier lui prend beaucoup de temps. Tellement que son épouse est comme dans une tour en ivoire, à observer les gens avec des jumelles, bref à ne pas vivre pour elle-même. Jusqu'à ce que le cousin de son mari arrive, et lui révèle ses talents pour l'écriture.
Avec la trilogie d'Apu, Charulata est le film le plus connu de Satyajit Ray, et si les références culturelles ainsi que politiques par rapport à l'Inde du XIXe siècle m'échappent un peu, c'est une très belle histoire d'un amour impossible, auquel Wong Kar-Wai a peut-être pensé en tournant In the mood for love. Madhabi Mukherjee est Charulata, une actriceque je connaissais auparavant dans La grande ville ainsi que Le lâche, et elle est filmée comme étant la pureté même, représentée comme étant un oiseau en cage, métaphore qu'on voit à travers un insert, mais elle recèle de talents dont son mari ne semble pas voir, pris par son travail. De plus, c'est très bien filmé, avec une référence explicite à Une partie de campagne de Jean Renoir quand elle est sur une balançoire et que la caméra la suit en train de se balancer, mais au-delà de ça, j'y vois une critique implicite sur l'homme bridant de fait ce que la Femme a en elle, et qu'elle ne peut pas être dévouée aux tâches ménagères, comme on le voit dans le film, notamment quand elle commence à écrire et que ça touche ce cousin joué par Soumitra Chatterjee, autre grand habitué du cinéma de Satyajit Ray.
On n'échappe pas aux multiples chansons, mais Charulata est un très beau film sur une passion qui ne dit pas son nom, un triangle amoureux qui n'aura pas lieu, et un portrait de femme comme on en voit peu.