Que dire de ce film de Clint Eastwood où il se met en scène dans un rôle diablement ambigu ?
D'abord, ce serait un portrait de John Huston (ici John Wilson), cinéaste mégalomane et fantasque, si j'en crois le propos du film. Plus précisément, cela concernerait la description d'un épisode du tournage de "African Queen" tiré d'un roman éponyme de Peter Viertel (ici Peter Verril) qui y a participé.
Revenons à ce film qui raconte donc l'histoire d'un tournage en Afrique qui prend du retard parce que le metteur en scène (John Wilson) voulait à tout prix participer à une chasse à l'éléphant au grand désespoir du producteur Paul Landers et du scénariste Peter Verril. Une autre façon plus positive de parler de ce film est de reprendre, en substance, le résumé au dos de la pochette du DVD. Clint Eastwood a trouvé intéressant d'explorer la personnalité d'un metteur en scène hors norme et monomaniaque sur un tournage. Mmmouais.
Tout n'est pas à jeter dans ce personnage très ambivalent. Le caractère indépendant du metteur en scène qui veut s'affranchir des règles hollywoodiennes ou qui réagit aux propos antisémites d'un actrice ou aux actes racistes d'un maître d'hôtel rendent le personnage plutôt intéressant à suivre. Par contre le drame qu'il provoque lors de son obsessionnelle chasse à l'éléphant est clairement abject.
Si tant est que cela se soit produit lors du tournage d'African Queen, était-il nécessaire d'en faire un film ? D'autant plus que je n'ai pas compris que ce qui est décrit dans le film a réellement été fait par Huston. Le roman de Viertel ne fait que "s'inspirer du comportement" de Huston. Alors, à quoi bon ?
La réalisation de Eastwood, la photographie des paysages anglais puis africains est très réussie. Rien à dire non plus du jeu des acteurs, Eastwood compris.
La note finale que je me propose de mettre ne dépassera pas 6 car je n'ai guère apprécié le fond cette histoire ambiguë qui s'attaque à un collègue sans vraiment le dire puisque les noms sont modifiés mais sans le cacher non plus … C'est quand même beau la solidarité dans le métier. Le film étant de 1990 soit trois ans après la mort de Huston, Eastwood ne risquait donc plus grand-chose …
Comme dit le scénariste au début du projet de film commentant son script : "la fin n'est pas bonne". Et à la fin, le réalisateur qui éprouve un (très) bref instant de honte (il y a de quoi !), reconnait : "tu as raison, la fin n'est pas bonne"…