Si on était premier degré dans nos propos cette critique serait le lieu d'une symptomatologie fine concernant la psychose infantile et ses affres de tourments. Or, il est ici question d'une œuvre cinématographique ne souhaitant guère s'embarrasser de termes pour davantage traiter une certaine forme de bizarrerie...alors passons.
I Kill Giants, c'est avant tout l'aventure d'une jeune fille aux frontières de la réalité (psychique). Barbara est son nom et on ne peut pas vraiment dire que c'est une enfant facile à vivre. Elle a en elle ce je ne sais quoi d'étrange qui font souvent reculer les amitiés au profit d'une haine mêlée d'incompréhension. Et pourtant il faut comprendre cette masse qui l'évite cette Barbara lorsqu'on l'entend déblatérer ses bizarreries avec tout l'aplomb dont elle est capable. Une nana aussi chiante et caractérielle on en trouve pas cinq cent, pour sûr.
Constamment en train de chasser des géants qu'elle est seule à voir, notre Barbara se renferme sur son existence fantasmée, faute de mieux dans la réalité, faute au pire dans ce qui se trame en toile de fond du cadre familial. Sans vouloir en dire plus, I Kill Giants n'est autre que la quête qu'une enfant s'est fixée dans le but de chasser l'incommensurable maléfice sommeillant en ville et dans toute la région. Le reste est réservé aux aventureux, tout comme la suite de ce texte.
En voyant ce métrage m'est malheureusement venu une désagréable impression de déjà vu. Si en soit l'originalité est ici de mise avec notamment la création de personnages forts (quelques archétypes tout de même mais cela sert le récit) et d'effets visuels inspirés, on ne peut que faire le rapprochement entre Quelques minutes après minuit et lui. Non pas parce que les deux films parlent d'enfants et de monstres mais par l'idée de fond, le sous-texte qui s'en dégage. Pour l'un comme pour l'autre, l'idée du monstre n'est que pure symbolisation d'une angoisse infantile ; bien trop incompréhensible pour être exprimée d'une manière moins enfantine.
Et ici, car l'autre film s'est déjà fait disséquer ailleurs, on ne peut qu'au final se dire qu'il ne sert à rien de se demander si les monstres existent vraiment car, évidemment, ils existent comme ils n'existent pas (comme des sortes de géants de Schrödinger). Ils sont à la fois un mal tout puissant que Barbara peine à combattre, en référence au mal de la maladie de sa mère. Et puis ils sont aussi ses craintes personnelles, ses faiblesses etc. En définitive, on observe en toute fin qu'ils sont un mal, certes, mais un mal nécessaire. L'angoisse de voir mourir les siens n'a alors de force que lorsqu'on se refuse à accepter la dure réalité, c'est forcé.
On est donc devant une œuvre mine de rien assez forte, qu'on subit un peu malgré nous et emporte parfois vers des terres un peu friables. Cependant il y a un truc, je ne sais pas comment le dire, une vision dans la réalisation qui fonctionne vraiment. On sent un grand travail de composition et d'atmosphère, ce qui est toujours satisfaisant. À voir maintenant si la BD d'où est tirée l'histoire détient les clés de cette même atmosphère.