Je crois que j’avais découvert Cherry 2000 sur nanarland, son visuel avec la rousse au chemisier grand ouvert et armée d’un lance-roquettes m’ayant attiré l’œil. Cette affiche, j’ai eu la surprise de la retrouver dans la première séquence du sympathique Evil Ed. Je pensais que c’était un film obscur apprécié uniquement par quelques bisseux, mais il faut croire que Cherry 2000 est relativement "culte".
Et bon, comme j’apprécie toujours les séries B des 80’s, ça me semblait fait pour moi.
Nous sommes en 2017. Sam est morose : Cherry, sa compagne robotique, a été victime d’un court-circuit. Sam veut la remplacer, mais le modèle est épuisé ; on le dit d’ailleurs d’une sensibilité qui ne se fait plus… Le héros récupère donc le disque mémoire de sa Cherry 2000, et part à la recherche d’un autre corps.
Sam fait figure de romantique auprès de ses contemporains, dans un monde où les relations entre les hommes et les femmes passent par un contrat, qui pose les modalités de leurs rapports ; une idée que je trouve absurde et peu tangible.
Le héros tiens donc plutôt à récupérer sa Cherry, et fait appel à E. Johnson, une "traqueuse", pour récupérer un robot dans le secteur 7, un lieu dangereux.
E. est jouée par Melanie Griffiths, qui m’a fait plus d’effet ici que dans Body double, où elle est censée incarner l’érotisme. Sa tignasse rouge vif, son regard perçant, sa voix douce qui susurre chaque réplique, ses manières de garçon manqué mais avec un corps de femme dont elle nous donne de brefs aperçus...
On dirait une femme sauvage, mais qui d’une certaine façon maintient son calme en toute situation, gardant toujours la même voix posée.
Le héros par contre ne dégage rien, il n’a aucune personnalité ou identité définie. Comme son robot, en fait. On pense qu’il s’agit d’un type normal, un fonctionnaire, et soudain il s’avère qu’il sait se servir d’une arme et piloter un avion, parce que le scénario l’exige.
Je pense que l’acteur a été choisi uniquement en raison de son air de Kevin Costner, qui devait tenir un rôle au départ (vraisemblablement celui-là).
Et pourtant, on devine dès le début où l’histoire va mener entre les deux personnages principaux… mais c’est mal géré, leur rapprochement vient de nulle part.
Il en est de même pour les remises en question de la relation avec le robot ; c’était un sujet intéressant à aborder, mais c’est fait de façon forcée et très superficielle.
En terme de "production value", je m’attendais à une bisserie fauchée, alors que Cherry 2000 est un film qui a clairement du budget ; après vérification, il aurait coûté 10 millions ! Soit un peu moins que RoboCop, produit par Orion également quelques années plus tard (Cherry 2000 a été tourné en 85, mais n’est sorti qu’en 88). Les deux films ont également le même grand compositeur, Basil Poledouris.
Et en tête d’affiche, Melanie Griffith, qui commençait à se faire connaître. J’ai lu que la sortie aux USA coïncidait avec celle de Working girl, pour lequel l’actrice avait été nominée aux Oscars. Et quand on observe le reste du casting, on voit que le hasard a réunis d’autres acteurs qui allaient connaître une certaine notoriété plus tard, comme Laurence Fishburne dans un petit rôle, ou qui allaient en tout cas se faire connaître dans le cinéma de genre, comme Brion James et Robert Z’dar.
Mais là où on sent davantage que Cherry 2000 n’est pas qu’une petite série B, c’est notamment dans le soin apporté à l’image. La photographie nous sert quelques beaux plans (bon, durant le générique de début du moins), et reprend l'esthétique kitsch des 80’s dont je suis avide, avec ces éclairages aux néons, mais en apportant une certaine douceur aux couleurs.
Les looks sont très marqués par leur époque également, c’est le style du futur mais perçu à travers le prisme des 80’s ; le résultat c’est des expérimentations grotesques : une fille avec des pois peints sur la figure, un groom avec un parapluie modèle réduit, Robert Z’Dar dans un short trop petit pour lui, …
On sent tout de même la volonté de créer un univers et d’en aborder divers aspects. On nous évoque un fort taux de chômage, on suggère que l’argent a perdu de sa valeur en nous donnant le prix d’une chambre d’hôtel (1$50), …
Mais ce sont des éléments qui ne servent pas à grand chose dans le film en fin de compte, et l’image pourtant floue qu’on a de l’univers de Cherry 2000 paraît peu cohérente.
C’est un melting pot de décors et costumes, on a un futur clean, froid et industriel qui côtoie du post-apo poussiéreux et des décors de westerns (avec des cowboys éclairés aux néons rouges). La civilisation, et des zones où règne la loi du plus fort, sans que leur coexistence ne soit très claire.
Le ton pose problème parce qu’il reste aussi le cul entre deux chaises. Il y a des milieux et des personnages qui se veulent farfelus, mais ça ne marche pas. Le méchant cinglé n’est ni menaçant, ni drôle.
Je me suis marré qu’au début, avec cette insistance des plans sur la lessive qui déborde quand Sam roule des patins à son robot (il y a une métaphore, vous voyez ?).
Il y a une séquence qui m’a impressionné, celle où les personnages sont accrochés à une voiture suspendue dans les airs.
Mais autrement, le film est trop foutraque, et pire encore : trop mou.
Je me suis ennuyé ; quel dommage, pour un film qui me semblait aussi prometteur !