S’il est plaisant à regarder comme un petit western de série B, cette Chevauchée avec le diable (sans "s" à ma connaissance) semble cependant passer à côté de son sujet. Film de vengeance où Audie Murphy est parfait en pied-tendre naïf, il donne l’impression d’inlassablement saborder ce qu’il s’est échiné à mettre en place. Alors que le sujet, même s’il n’a rien de neuf, est abordé de façon intéressante, il n’est jamais exploité avec la pertinence qu’on espère après une ouverture plutôt réussie.
Alors qu’on imagine un western tendu, la rencontre avec Dan Duryea gâche étrangement la bonne marche engagée. Mal utilisé alors qu’on l’a vu des dizaines de fois ailleurs dans des rôles taillés à sa mesure, on finit par en faire un imbécile qui ne sait que ricaner comme une hyène alors qu’il aurait dû être un véritable dur à cuir. Ce gâchis conduit le récit vers une amitié improbable entre les deux hommes qui ne parvient pas à faire avancer l’intrigue alors qu’elle aurait dû l’accélérer. Parallèlement, une intrigue sentimentale encore plus improbable dévie davantage l’intrigue de son postulat.
Le scénario, appelé à aller à l’essentiel comme dans toute série B qui se respecte, manque de rigueur et finit par éteindre, un à un, tous les feux qu’il a allumés. Certes, le gunfight final est plutôt bien pensé, on y trouve quelques séquences d’action sympathiques (les chevauchées notamment), mais certains personnages (surtout celui de Dan Duryea) ont des agissements incompréhensibles qui rendent le résultat peu convaincant. C’est dommage car avec davantage de travail, l’histoire aurait gagné en cohérence et aurait permis à cette série B d'être un peu plus que moyenne.