Chien de la Casse je le rapproche énormément du Le Gang des Bois du Temple de Rabah Ameur-Zaimeche, cette volonté anachronique d'embrasser la vision de personnages qui dans les mains ne n'importe quel autre réalisateur deviendrait complètement caricatural.
Dans un film comme dans l'autre, il s'agit avant tout d'un désir absolu d'extraction d'un milieu et d'un système qui ne peut nous accorder le droit d'avoir de l'espoir et de l'ambition. C'est l'histoire de jeunes qui sont à la fois, l'image que l'on peut s'en faire, et tellement plus. Les deux films partagent l'envie de de présenter une jeunesse en apparence quelque peu désœuvrée mais sachant avoir le respect des aînés,
Comme la répétition de cette scène ou Mirales indique à un vieil habitant du village s'il a gagner au jeux à gratter qu'il vient d'acheter. Cette répétition entraine une forme d'ambivalence du spectateur à l'égard de ce personnage grandiloquent tout à tour capable d'une grande violence psychologique sur celui qui est son ami d'enfance et de la plus grande des tendresses envers les anciens du village.
Cette même répétition mais en avant l'autre grand thème qui parcourt le récit celui de l'ennui. Car le film, au delà de la description de cette amitié en apparence délétère, par la délicatesse de sa mise en scène devient une vraie poésie des horizon bouchés, faisant rimer l'angoisse existentielle de la solitude et la colère que l'on ne peut jamais totalement extériorisé. Quenard interprète brillamment cette figure classique de l'être frustre à l'intelligence évidente, qui ne peut exprimer son mal-être que dans une forme d'assujettissement de l'esprit de ceux qui l'entoure.
En faisant de Milares un manipulateur charismatique, Jean-Baptiste Durand aurait pu emprunter le chemin un tantinet vulgaire et attendu de la résolution de ce triangle amoureux dans le conflit physique, mais en faisant citer régulièrement Montaigne au personnage interprété Raphaël Quenard il ne nous fait que mieux le comprendre.
Celui-ci est avant tout un homme qui en se repliant sur soi n'en fait que mieux comprendre le monde, une compréhension qui a la fâcheuse tendance à l'en éloigner. Quenard joue à la perfection cette dualité entre une violence réfrénée par cette compréhension intuitive d'un monde qu'il effraie et ces logorrhée permanente visant à asseoir une forme de supériorité intellectuelle sur soin entourage.
L'arrivée de cette fille qui va séduire son ami d'enfance Dog va représenter pour lui une double menace, tant intellectuelle que sentimentale. En effet c'est avec son apparition que naissent les dissensions entre Dog et lui même, la crainte se fait double, celle de ne plus pouvoir asseoir sa position par l'esprit et par l’amitié amoureuse qui le lie à Dog.
C'est d'ailleurs à ce moment que la violence verbale remplace de plus en plus ses aphorismes maladroit mais toujours plein de vivacité. Cette violence psychologique n'étant que le reflet de cette peur qu'il ne peut exprimer malgré sa passion des mots.
Comme dans le Gang des bois du temple le tout s'achève dans une résolution violente mais avec une fin plus lumineuse. La mort du chien compensant l'expression des sentiment que les deux amis ne peuvent échanger verbalement. D'ailleurs c'est avec la mort du chien de Mirales que Dog gagne son humanité et son individualité aux yeux de celui-ci, cette mort et totalement symbolique dans l'évolution de leur rapport et de leur chemin vers l'indépendance. Voilà, ce sera tout pour moi voyez ce film.