Trois ans après le coup d'Etat du Général Pinochet, Carmen part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, chirurgien, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre de la paroisse lui demande de s’occuper d’un jeune homme qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie bourgeoise et tranquille à laquelle elle est habituée.
Chili 1976 est un drame chilien de Manuela Martelli sorti en France en 2023.
Les années 1970-1980 qui marquèrent le Chili à l'occasion du renversement de Salvador Allende après son élection par le Général Pinochet avec l'aide des Etats-Unis ont beaucoup inspiré le cinéma chilien (Tony Manero, No...) mais pas seulement (On se souvient de Colonia réalisé par Florian Gallenberger).
Chili 1976 revient sur cette page sombre de l'histoire du Chili.
Portait de femme
Chili 1976 décrit une page de ces années noires pour le Chili où les pouvoirs publics étaient obsédés à anéantir toute forme de contestation contre le pouvoir autoritaire en place.
La réalisatrice choisit de nous raconter cette époque à travers le prisme de Carmen, une femme en retraite mariée à un chirurgien. Suite à la demande d'un ami prêtre qui sait qu'elle a travaillé pour la croix rouge par le passé, elle vient en aide à un jeune homme gravement blessé, caché dans une petite maison, loin des regards. Elle devine rapidement qu'il s'agit d'un opposant blessé par balles par les forces de l'ordre. Dans l'attente de son départ, elle lui prodigue les soins nécessaires et rencontre les contacts du jeune homme afin de donner de ses nouvelles et préparer son transfert en lieu sûr. Petit à petit, elle ressent un sentiment oppressant de paranoia. Sa voiture est fouillée, une jeune femme qu'elle a rencontrée est retrouvée morte, étranglée sur la plage. L'étau policier semble se resserer petit à petit autour d'elle ....
La peinture subtile d'une époque sombre
Manuela Martelli signe avec Chili 1976 un portrait subtil d'une des années les plus noires de la dictature sous Pinochet. Son récit s'appuie sur le récit autobiographique d'une grand mère qui finira par mettre fin à ses jours.
C'est avec justesse qu'elle décrit la dualité de Carmen (Remarquable Aline Küppenheim), grand mère modèle aimante et femme d'intérieur modèle qui va "s'encanailler" avec le milieu révolutionnaire chilien en soignant l'un de ses "enfants". Petit à petit, elle va glisser d'un univers feutré et rassurant vers la paranoia, alertée par différents indices (Vol de ses papiers, questions d'un voisin, corps retrouvé sur la plage...) qui la conduisent à se demander si elle ne sera pas la prochaine victime du pouvoir chilien jusqu'à une issue fatale qui lui enlèvera son protégé.
Derrière la photographie d'une époque dépeinte avec beaucoup de sobriété, la réalisatrice dresse, avec une grande justesse, un portrait de femme, profond et délicat, qui va acquérir, dans la douleur, une conscience politique.
Trailer https://www.youtube.com/watch?v=bzL4mcAfooQ
Ma note: 7/10