Le film noir connu ses belles heures dans les années 40-50, mais c'est en 1974 que Polanski livrera un des classiques du genre. Il situe son action dans le Los Angeles des années 30, où la préoccupation majeure est l'alimentation en eau de la ville. Los Angeles est peut être construite au bord de l'océan, mais elle est aussi en plein désert. Elle est uniquement alimentée par un petit fleuve côtier, la Los Angeles River, qui rapidement ne suffira plus à cette ville qui connait une croissance exponentielle. La ville doit aller chercher son eau très loin dans les terres, en spoliant les propriétaires terriens de la vallée. La fin justifiant les moyens, cela se fait généralement de manière très abrupte, ce qui ne choqua pas l'opinion publique de l'époque, les politiques étouffants les affaires.
C'est dans ce cadre que Jake Gittes, un détective privé, est chargé d'enquêter sur les mœurs d'un important ingénieur hydraulique. Mais celui-ci, opposé à un nouveau projet de barrage, est retrouvé mort dans un réservoir d'eau. L'affaire de Gittes qui s'avère relever du secret de famille inavouable, se double alors d'une affaire de meurtre remontant dans les hautes sphères.
Pourquoi ce titre de Chinatown? Ca reste assez mystérieux. On comprend que Gittes n'aime pas ce quartier de la diaspora chinoise, il semble que ça le renvoi à de mauvais souvenir. Sur son visage transparait une sorte de peur mêlée à de dégout à chaque évocation de Chinatown. Il le connait très bien, sans doute qu'il y a vécu, il a même appris quelques mots de chinois. Escobar, un flic qui semble très bien connaitre Gittes, été auparavant affecté à Chinatown. Ils se sont peut être connu là-bas, en tout cas une relation ambiguë les relie. Ils se détestent et pourtant évitent d'être trop sévère l'un envers l'autre. Un mystère qui uni Gittes à Escobar et à Chinatown qui ne sera pas éclaircit, le film se terminant même sur une réplique énigmatique devenue culte.
Laisse tomber Jake, c'est Chinatown
Chinatown est un film noir aux implications politiques, et au discours accusateur. Il me semble que cet aspect du chef d'œuvre de Polanski a été oublié. On en retient surtout ses décors splendides si immersif, Jack Nicholson dans un de ses meilleurs rôles loin de ses bouffonneries agaçantes, et une bande son jazzy-mélancolique reconnue comme une des plus belles du cinéma. Tout ça est juste, et j'en oublie, mais Chinatown c'est aussi le récit de la légende noire de la fondation de la plus glorieuse cité de l'ouest de l'Amérique. Une ville qui a dû magouiller et empiler les cadavres pour atteindre les sommets.
Les intérêts sont multiples dans ce film au nombreuses grilles de lecture. Un film très complexe qui peut nécessiter plusieurs visionnage avant d'en comprendre toute les implications. Mais qui reste malgré tout embrumé de mystère en ce qui concerne le personnage de Gittes. Un film noir parfait. S'il ne devait en rester qu'un, que ce soit celui-là.