En regardant Chopper je me disais que ça pourrait être du Tarantino à ses débuts, en gueule de bois et dépressif et autre chose mais j'ai oublié.
Je n'attendais rien de Chopper, j'y allais même à reculons, refroidi par certaines mises en garde sur sa violence. Bon, le film n'est pas tendre mais ce n'est pas immonde. Je ne suis pas du tout client du sordide/gore/malsain etc, mais Chopper ne joue pas dans ce registre, heureusement.
Peut-être un mélange entre petit budget et sobriété de la mise en scène, mais il ressort de Chopper qq chose de visuellement prenant dans le glauque, le clinique, le cheap, le sale... ça pourrait faire penser à du documentaire ou du téléfilm particulièrement inspiré, c'est en tout cas très immersif car réaliste: ici pas d'affèteries, d'effet de style ou de manière, non, c'est brut et solide, ça peut rappeler le glacial Brawl in cell 99. Le film se permet toutefois quelques fantaisies inattendues de mise en scène qui fonctionnent tout aussi bien que le reste. Si vous ajoutez à ça la dinguerie facétieuse et violente d'un personnage brillamment interprété par Eric Bana vous obtenez l'épice magique qui vient relever le plat. Zéro coup de mou dans le rythme, au point que le récit n'est pas forcément des plus clairs en permanence mais qu'importe, cet enchainement frénétique de séquence participe à l'impression d'assister à quelque chose de résolument étrange.
L'écriture évite le piège du biopic littéral, et même du biopic en fait, ne prenant de Mark Brandon Read que la matière nécessaire à la création d'un objet filmique assez captivant car détenant son identité propre et ne se contentant pas d'être le reflet de faits qui mis bout à bout formeraient sans doute un récit laborieux.
Fin magnifique aussi bien pour sa musique que pour sa conclusion, à la fois sobre et terrible: un homme à l'air éteint, face au mur d'une cellule exigue.