Je n'avais pas revu Christine depuis des années, plus de dix ans au moins, et ce nouveau visionnage n'en a été que plus bénéfique, car il reste, à mes yeux, dans le sommet de la filmographie de John Carpenter. Car non seulement il adapte un très bon bouquin de Stephen King, mais il en a retiré un point qui me gênait, à savoir donner une explication quant à l'incarnation de Christine. Ce qui donne au film un côté davantage irréel, irrationnel qui me séduit davantage.
Je n'y ai pas fait attention la première fois, pas de manière aussi prononcée disons, mais j'ai été surpris par la dimension sexuelle qui irrigue continuellement l'histoire. Aussi bien par le jeune homme, joué par Keith Gordon, qui cherche à être dépucelé, que par la coulée de lait très significative, et toute la métaphore sur Christine, qui deviendrait presque un personnage à part entière, avec notamment une caresse du logo de cette voiture, une Plymouth de 1957, qui ressemble à s'y méprendre à un vagin, ce qui a été confirmé par John Carpenter d'ailleurs !
Quant à la mise en scène, c'est du Cinemascope, et le réalisateur fut un des meilleurs à s'en servir, notamment ce plan fantastique où la voiture va se mettre à ressusciter, tous phares allumés, et avec un son presque abstrait. D'ailleurs, la lumière est très importante dans le récit, avec ces éclats de lumière permanents, suggérant la menace que va représenter Christine qui, comme une copine jalouse, va s'en prendre à ceux qui ont osé toucher le pauvre Arnie, dont la transformation physique au fur et à mesure de l'histoire est également très forte.
Bien que John Carpenter soit mitigé vis-à-vis du film, qu'il a pris comme une commande après l'échec de The Thing, où il devait se remettre en selle, Christine reste un film formidable ; rien n'est à jeter, ça transpose fidèlement mais à sa sauce le bouquin de Stephen King, et jamais une voiture n'aura paru si vivante !