Véritable film coup de pied, Christmas Evil fait partie des curiosités que peuvent nous proposer le 7ème art. Sorte de Les Temps Modernes, il dénonce la société, sur-consommatrice, l'hypocrisie des fêtes de fin d'années, et pointe un regard très triste sur la lutte des classes.
Pas fou, le réalisateur, Lewis Jackson, sait que ce genre de discours a autant d'impact que siffler dans un violon, et opte donc pour un habillage qui se prête au slasher-flick, avec quelques scènes splatters, mais en réalité très peu, le tout étant axé sur notre protagoniste, sa folie servant de filtre révélateur des aberrations de notre monde.
Mélange de psycho-killer et Robin des Bois, il se met en marche la nuit de Noël pour récompenser les gentils enfants, punir les méchants, et tenter de redonner un semblant d'équilibre. Il vole donc les jouets des garnements, les donne aux déshérités, ce qui est louable (bien qu'illégal), mais franchit la limite en exécutant tout simplement ses patrons qui financent des publicités mensongères où ils se font passer pour des bienfaiteurs, alors que leur seul but est de s'enrichir un peu plus en profitant du malheur des autres.
S'ajoute à ce fond une forme diaboliquement bien travaillée, et c'est avec une maîtrise surprenante que le réalisateur dirige le tout, insufflant à chacune des scènes un aura déstabilisant. Notre personnage passe de joie à instants de folie et d'automutilation, le tout soutenu par une bande-son enchaînant rythmes et mélodies sans suite logique (proches de la cacophonie), afin d'appuyer ce glissement progressif vers la folie totale.
Bref, Christmas Evil est un film particulièrement étonnant, dépeignant une société capitaliste effrayante, et se veut avant tout être un triller/drame plus qu'un slasher, à l'inverse de ce à quoi aurait pu laisser penser son affiche et son titre (passé en cours de route de You Better Watch Out à Christmas Evil).
Il est d'ailleurs dommage que Jackson n'ait signé ici que son seul et unique long-métrage, et qu'il ne soit revenu dans le business qu'en 2003 en tant que coproducteur de The Ghouls.
Presque totalement dénué de seconds rôles, tout tourne autour de notre protagoniste, et pourtant le spectateur ne décroche pas, malgré quelques petits coups de mou, ainsi que quelques images légèrement maladroite (les habitants lui courant après, torches enflammées à la main, paraissent sortis d'un vieux film de sorcières).
Pour conclure, les amateurs de bons thrillers morbides et plus axés sur l'ambiance que sur le grand-guignol auront ici quelque chose de réellement mémorable, allant même jusqu'à rappeler par moment Body Double de Brian de Palma. Ceux qui étaient attirés par son accroche style slasher seront en revanche très déçus, et auront aussi bien à faire que de se rabattre sur un produit plus léger comme Douce nuit, sanglante nuit.
Mention spéciale pour Brandon Maggart, grande vedette du film, qui donne vie à son personnage d'une façon réellement bluffante.
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