Canada Dry
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le 6 avr. 2014
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Cronenberg, c'est un art qui dérange, un gore outrancier qui t'impacte jusqu'aux tripes. T'en ressors jamais indemne, aussi vrai qu'il est dur de ne pas s'en rappeler. La Mouche, Cosmopolis ( aussi médiocre qu'il soit ), A History of violence, même ses films les moins violents sont inoubliables. Unique et particulier, son cinéma possède beaucoup de personnalité. On le remarque à trois lieux.
Alors que me venait l'idée de me lancer dans une rétrospective de tout ce qu'il a pu faire jusqu'à ce jour, l'une de ses oeuvres a attiré mon attention : Chromosome 3, sorte de thriller fantastique au postulat de base très intéressant. Ca m'avait l'air bien original et atypique. Figurez-vous que ça l'est pleinement.
Mieux que cela, le film ne laisse pas indifférent. Viscéral et intense, il jouit d'un suspens à toute épreuve, le genre de tension efficace que n'aurait pas renié Alfred Hitchcock. Un nom utilisé de manière opportune, tant le film semble s'inspirer de son Psychose, oeuvre maîtresse du genre qui aura inspiré et Brian De Palma (Pulsions), et David Cronenberg (pour ledit film). Un hommage qui se ressent tout au long du visionnage.
Pour ne pas changer, David Cronenberg nous livre un travail propre, impeccable et maîtrisé, avec moult et moult passages de gore. Dans son cinéma, il y a toujours le respect de la barrière entre le trop et le pas assez, cette volonté de ne jamais tomber dans l'excès. Toujours mesuré, toujours bien dosé, son art profite d'une imagination débordante pour nous pondre les pires horreurs, sans que cela ne soit gratuit ou mal venu. Avec Cronenberg, pas de mauvais goût, pas de dégoût profond, juste un travail sur la destruction du corps et de son esthétique, une réflexion sur ce qui fait de nous des êtres humains quand on n'en possède plus la forme.
C'est fouillé, c'est profond, et c'est d'autant plus efficace que le jeu d'Oliver Reed, au charisme pur, le soutient à merveille. On ne pourra malheureusement pas en dire autant des autres interprètes, d'un niveau largement inférieur; outre un Art Hingle complètement inexpressif, on essaiera d'oublier la prestation affreusement surjouée de Samantha Eggar, millième actrice à s'être cassées les dents en tentant d'interpréter la folie. Elle n'a pas de demi-mesure, pas de crédibilité : ça sonne faux, toujours trop, jurant considérablement avec le côté bien dosé de l'oeuvre de Cronenberg.
A côté de cela, l'écriture recèle quelques petits défauts notables concernant le personnage de Reed, dont une personnalité plutôt mal écrite (un coup gentil, un coup méchant, sans qu'on ne comprenne vraiment pourquoi et sans qu'il n'arrête jamais d'être manichéen), un problème de gestion du rythme ainsi qu'une conclusion incompréhensible et passablement ratée. Heureusement, la bande-son typiquement Hitchcockienne viendra relever considérablement le niveau, en plus de maquillages et d'un design du tueur très réussi. Loin d'être parfait, mais suffisamment viscéral et maîtrisé pour rester longtemps en mémoire, avec un début de réflexion intéressant sur la destruction du corps, que Cronenberg poussera à son paroxysme avec l'excellent Videodrome.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Une vie de cinéphile, Les meilleurs films de David Cronenberg, 2017 en blockbusters et cinéma d'auteur, en séries b et séries z, sous les balles et la pluie..., Les meilleurs films de 1979 et Les meilleurs films canadiens
Créée
le 14 févr. 2017
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