Le propos du film est simple : suivre la relation naissante entre deux êtres, Charlotte interprétée par Sandrine Kiberlain et Simon interprété par Vincent Macaigne, et se laisser porter par celle-ci. On ne verra pas la genèse de la recontre entre ses deux personnages puisque le film s'ouvre après, dans un bar où ils ont accepté de se revoir. Cette scène d'ouverture donne le ton du film. Le traitement restera aussi doux, poétique, avec une touche d'humour parfaitement distillée par ses personnages et une écriture juste, et la réalisation aussi fluide, caractérisée par de longs plans séquences au milieu desquels la caméra navigue sans jamais déranger les corps qui les composent. Tout cela permet au spectateur de lui aussi embarquer dans cette relation.
Le réalisateur décide de ne pas nous montrer tout ce qu'il y a autour de cette relation. Il y aurait pourtant de la matière puisque Charlotte a 3 enfants, Simon en a 2 et est marié. Ces détails sont mentionnés à plusieurs reprises, mais dès que nous quittons le cadre de cette relation, dès que les deux personnages se quittent, le réalisateur choisit l'ellipse. Bien que ces spécificités soient souvent répétées et offrent soit des dialogues comiques, soit de belles scènes comme celle où la main d'homme marié de Simon caresse le visage de Charlotte, le fait de se concentrer uniquement sur la relation finit par lui conférer une certaine universalité. Charlotte et Simon pourraient avoir tous les âges.
Cela est permis par la forte complicité qui se dégage des deux personnages et sans doute des deux acteurs, facilitée par une écriture très naturelle. Le personnage de Vincent Macaigne reste légèrement enfermé dans son rôle initial de poète timide et détient le pouvoir comique du film. Si plusieurs scènes sont hilarantes, l'apogée comique est sans doute atteint lors de la scène du plan à trois lors de laquelle Simon va décider de raconter son anecdote de la fois où cela lui est déjà arrivé, à quelques détails près.
Le personnage de Sandrine Kiberlain est plus nuancé et donne au film sa véritable émotion, celle des failles invisibles, celle des moments suspendus parfaitement captés par la mise en scène. Sandrine Kiberlain est aussi radieuse que, par moments, déchirante. Mais il faut savoir lire cette déchirure au coin de son sourire.
La naissance d'une complicité, l'envie d'évasion, l'exploration, les premiers doutes, les sentiments inavoués, les actes manqués, les rancoeurs, les regrets, l'éloignement. Le film traite toutes ces étapes de la relation avec une douceur infinie et un humour qui rythme le récit. Sa poésie et sa mélancolie sont touchantes, son humour est communicatif. Bien que sa dernière séquence a un côté plus artificiel que le reste et que nous aurions pu préférer que les lieux de cette relation en restent ses derniers témoins, comme ses personnages, on ne peut qu'être mélancolique que le film s'arrête.