Le dispositif de Chronique d'une liaison passagère pourrait facilement être adapté sur une scène de théâtre. Ne comptent en effet que les moments où les deux amants sont réunis, un homme marié et une mère célibataire, qui ne cessent de parler (on est bien chez Emmanuel Mouret), le batifolage étant réservé au hors champ. Un film bavard, donc, assez souvent spirituel, avec un érotisme flottant, mais qui menace de devenir répétitif car ces fragments d'un discours amoureux ne sont quand même pas extensibles à l'infini, surtout avec ce parti pris de ne s'intéresser qu'à deux personnages et encore pas dans leur quotidien l'un sans l'autre (n'était-ce pas aussi l'argument d'Une liaison pornographique, un film de 1999, pas franchement mémorable ?). Conscient que sa mécanique risque de devenir sans surprise et que l'excitation, aussi cérébrale soit-elle, a ses limites, Mouret introduit un nouvel élément, assez tardivement, histoire de faire évoluer cette relation entre adultes consentants. C'est plutôt bien pensé et réalisé, avec cette élégance caractéristique de son cinéma mais cette Chronique d'une liaison passagère, parfaitement incarnée par Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne, impeccables mais un peu trop prisonniers d'un texte très (trop) riche, reste nettement en deçà de l’œuvre récente du réalisateur de Mademoiselle de Joncquières.