1927. Lors d’une soirée donnée par son père, lors de laquelle elle devait retrouver son amant (Bruce Dern) et partir, Charlotte (Bette Davis) entre dans la grande salle, sa robe tâchée de sang.
1964. Considérée par tous comme la meurtrière de son amant, Charlotte vit recluse dans sa grande demeure depuis la mort de son père, avec pour seule compagnie sa femme de chambre Velma Cruther (Agnes Moorehead). Alors que des travaux doivent détruire sa propriété, Charlotte demande l’aide de sa cousine Miriam (Olivia de Havilland, dans un rôle assez atypique). Cette dernière se révèle d’une grande bonté pour Charlotte. Mais Velma est persuadée que cette gentillesse cache des desseins plus noirs, et que Charlotte est en danger…
Robert Aldrich signe ici un thriller hitchcockien dans la grande tradition du Maître du suspense. Si le scénario n’a rien de très original, on se laisse volontiers emporter par l’ambiance fascinante du film, entretenue par une mise en scène de haut vol, qui sublime son noir et blanc pour jouer de manière très habile sur les ombres et les contrastes.
Il est d’autant plus dommage qu’Aldrich fasse exagérément traîner son film, celui-ci pouvant être amputé d’une vingtaine de minutes sans mal. Heureusement, pour compenser, on assiste à des prestations d’acteurs incroyables, et si Joseph Cotten reste trop en retrait, il n’en fait que valoriser le jeu de Bette Davis et Olivia de Havilland, deux immenses actrices qui donnent chacune à leur personnage une étincelle inimitable. Ne serait-ce que pour le duel psychologique oppressant auquel elles nous font assister, Chut… Chut, chère Charlotte vaut amplement le détour.