Avant toute chose, un conseil de lecture --- que dis-je : une supplique --- pour les individus qui n'ont pas encore trop de yaourt dans la calebasse, tout particulièrement celui mitonné par les gentils Torquemada du « régime diversitaire » (Bock-Côté) : lisez cet indicible texte d'une allumée hexagonale (à propos de ce film).
On y retrouve toutes les tares listées par Taguieff dans L'imposture décoloniale.
C'est donc plus drôle que le meilleur de Benny Hill, de Blake Edwards et de Kaamelott réunis.
Pour ce qui est de nos allumées suédoises, il s'agit des personnes à l'origine de Cibles mouvantes --- encore un titre français à la con --- qui ont fait le pari (conscient ou pas) qu'un scénario totalement abracadabrantesque soutenu par une mise en scène soignée et un jeu d'acteurs (très) correct pouvait donner un résultat satisfaisant.
Pari gagné
Pas grand-chose à redire quant aux vingt-cinq premières minutes (avant que la chasse ne commence, donc) : on est pris dans l'histoire et l'escapade des deux tourtereaux prend d’emblée une saveur inquiétante --- la scène de la station essence est particulièrement réussie... mais la réaction de la femme, le lendemain, est un avant-goût de la perte de pédale en cours.
Et puis, les scénaristes, les doigts gelés, nous pondent une enfilade de n'importe quoi.
Chaussez les raquettes, ça va fuser :
* le couple qui demande à plusieurs reprises au « laser man » d'arrêter de les importuner ; il est là pour ça, le gars ; nul doute qu'il va obtempérer
* leur fuite dans la nuit glaciale sans les blousons ; pour une étudiante en 4e année de médecine et un ingénieur, ça manque sérieusement de jugeote
* l'avant-bras de David pris dans le piège : que de sang (malgré l'épaisseur des vêtements) !!!
* le même David englouti par le lac gelé qui cède sous son poids --- malgré le froid et le vent intenses... bon... --- mais qui revient malgré tout à la surface... avec un bras doublement dans le sac car il s'est en plus pris une bastos au niveau de l’épaule : je dis 'bravo'
* comment, trempé, transis, congelé, se fait-il qu'il ne meure pas et parvienne à suivre sa compagne jusqu’à l'abri ? ( car, bien sûr, ils trouvent un abri )
* Nadja appelle les « sauveteurs en montage » ( car bien sûr, il y a une ligne téléphonique dans l'abri ), se contente de leur dire « Aidez-nous ». Qu'on essaye de les assassiner, bah, c'est secondaire ; pas la peine de mentionner à l'interlocuteur...
* ça n'a pas l'air d’être un dur à cuire, le David ; pourtant, il se fait recoudre à vif sans broncher ( car, bien sûr, il y a du fil et une aiguille dans l'abri )
* il y a aussi, bien sûr, un stéthoscope, dans l'abri : on pourra écouter battre le cœur du fœtus
* le secouriste semble être un des abrutis qui les chassent ! … Vite, fuir l'abri et trouver refuge dans une tanière … où hiberne un ours ( je n'invente rien ).
* le-secouriste-qui-fait-peur se fait stopper net avec une fusée éclairante ; pas moins ; le gars, sur le dos, se laisse brûler le coffre sans avoir l’idée de se retourner dans la neige pour éteindre le feu qui le consume ; eux, n'ont ni idée de récupérer son fusil ni celle de repartir en snowmobile ; et si vous méritiez votre sort, après tout ?
* David est cuit, au bout du rouleau ; il parvient quand même à tuer à coup de pierre (1 seul) le type qui s’apprêtait à flinguer Nadja ; une pierre bien-bien-bien visible pour notre ami aux fraises ; une pierre qui devait être la seule, sur des kilomètres carrés, à ne pas être recouverte de neige....
* cette fois, ils ont pris la snowmobile de ce tueur-là et parviennent à une maison, où, bien entendu, les « attend » un des membres de la clique chasseuse et qui appelle illico le cerveau de cette traque : un père de famille (leur voisin venu les espionner et préparer son coup) dont le fils est mort sous les roues de David et Nadja...
* comment sait-il que ce sont eux qui ont mortellement renversé son fils ? Et bien, il faisait ensemble voler un drone, drone qui, malgré la manette lâchée pour courir au secours du garçon, a pile-poile filmé la plaque d'immatriculation de la caisse des chauffards !!…. Et après, sur Internet, il n'y avait plus qu'à taper ce numéro pour connaître les propriétaires du véhicule et leur adresse ! … Vive la Suède !!!!!
* le papa en colère veut que le couple en chie grave : il commande à David de tuer le bébé que porte Nadja... avec une perceuse ( même Jigsaw n'y avait pas pensé, mais au pays d'Ikea, on sait être pratique )
* voilà que débarque le secouriste !! ... sérieusement amoché par la fusée --- mais la barbe est intacte, c'est l'essentiel, dans ces contrées. C'est un vrai secouriste !!! Pas un des tueurs. Mince alors.... Il est là pour aider, le bougre. C'est pour ça qu'on lui a laissé son scooter des neiges, un peu avant … Fusillade de quelque secondes à la mords-moi-le nœud : à découvrir.
J'arrête là ; le dénouement est proche
Tout ce qui précède est rebutant, et pourtant...
Alain Darborg a fait appel à des acteurs qui savent jouer, qui sont crédibles, qui parviennent à (presque) effacer les facilités et les incohérences à la pelle (à neige) et à maintenir une atmosphère, une tension.
Les flash-back furtifs et malins trouvent également leur sens au fur et à mesure que le sort du couple se scelle. Certains plans sont par ailleurs magnifiques et ... au final … on se sera laissé embarquer dans cette dérapante mais néanmoins glaçante aventure.