Kolkhoze mon amour
Cinq ans avant de pondre son chef-d'oeuvre L'Homme à la Caméra, Vertov a déjà les glandes. Pour lui, ce qui sort continuellement de l'usine à gaz hollywoodienne c'est rien que du caca. La fiction...
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le 19 mars 2016
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Kino-Glaz, comme Genèse d'un repas de Luc Moullet, remonte à la source de ce que nous mangeons. Le procédé de Vertov est littéral : en faisant tourner la bobine dans le sens contraire de son enregistrement, il transforme le pain en pâte, la pâte en farine et la farine en épis de blés sous le soleil soviétique. Le procédé est non seulement amusant mais aussi didactique, et idéologique : c'est en remontant le cours du temps que l'on peut penser. Le geste cinématographique de Vertov est donc bel et bien celui de l'analyse. Il s'agit d'inverser l'ordre des choses, pour le renverser si besoin.
Après l'aventure des actualités de Kino-Pravda (que j'ai vues aussi, mais pas toutes), Dziga Vertov invente le documentaire. L'enthousiasme du film est flagrant. On suit ces jeunes pionniers, bien décidés à apporter quelque chose de neuf et de juste en ce monde. Staline ne tardera pas à mettre fin à cette joie sans doute un peu trop pure, qui irradie, en la qualifiant de formaliste. Pourtant je ne sais pas si on peut faire un film plus convaincu de la nécessité du communisme. Ni même un film plus joyeux, au fond, que celui-ci.
Mais un détail du réel saisit, lors d'une scène a priori anodine où les pionniers se jettent dans le lac. Tous vont se baigner sauf un, qui hésite, puis renonce carrément. La peur est toujours plus forte.
Créée
le 21 janv. 2023
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