Comment avoir un pitch énorme et foirer totalement son passage à l'acte en une leçon : regarder Cinéman. Peut être qu'en fait, Yann Moix a-t-il voulu créer un cas d'école pour les étudiants en cinéma en leur montrant comment on peut gacher une idée géniale...
On commence par bacler le scénario (ou le montage ?) en oubliant des liaisons, en apportant quasiment rien d'intelligent au niveau dialogue, ou même de drôle. Pour une comédie, c'est un comble.
Quant à l'idée initiale, elle est extrêmement mal exploitée, avec des pirouettes basses de plafond...
Sans parler de l'idée complètement idiote de faire supporter au personnage principal des désagréments télévisuels alors qu'il est dans la "réalité". Ca décrédibilise le scénario dans l'ensemble... Il aurait été tellement plus intéressant d'utiliser ces ressorts dans les "films" en eux-mêmes...
On continue en foirant totalement la réalisation, en prenant un parti pris totalement illisible. Ils veulent nous faire croire à un lycée avec des décors pareils ? Ils sont allés où en cours ? On se retrouve avec une "réalité" plus fausse que les films dans lesquels le personnage principal est propulsé. Les élèves en t-shirt de couleurs différentes, qui ont visiblement un sens. Lequel ? Pourquoi ? Les scènes se passant dans la "réalité" auraient-du permettre de crédibiliser l'histoire. Elles la rende insipide.
La réalisation et le scénario ne permettent même pas de classer ce film dans la catégorie Brainless, parce que c'est tellement mal fichu qu'il faut faire un gros effort de compréhension...
On poursuit avec des caricatures d'acteurs et de personnages... Franck Dubosc (que j'adore pourtant) se montre à son niveau le plus mauvais, la Lucy Gordon, on ne sait même pas pourquoi ils sont allés la chercher, une Mélanie Laurent aurait fait aussi bien (et aurait coûté moins cher en post prod), et quitte à se payer PEF, ils auraient pu au moins lui donner plus de consistance. Seul Pierre Richard est à peu prêt fidèle à lui-même... dans l'excès.
On conclut en fumant pendant la post-prod. Que Lucy Gordon ait besoin de doublage, soit. Que les acteurs francais en dialogue avec elle aient besoin de doublage, soit. Mais on peut m'expliquer pourquoi un dialogue Richard-Dubosc a besoin d'être resynchronisé ? Et en plus, pas sur la scène en entier ! Un coup oui, un coup non... On aurait pu penser à un effet de réalisation, mais non... La post-synchro arrive comme un cheveu sur la soupe et repart aussitôt. Mal fait en prime. Très TRES désagréable.
Et on en profite au passage par une direction musicale à chier.
La seule chose qui rattrape le film à mon sens ? Sa théorie, qui est très jolie. Dommage que le film l'illustre très très maladroitement (euphémisme ? sans doute).
Le résultat donne l'impression d'une private joke entre potes, tellement opaque qu'elle en devient insipide...
Heureusement que je l'ai loupé au ciné, finalement...