Durant la semaine passée, je me suis penché sur plusieurs westerns US ayant en commun d'intégrer une intrigue plus ou moins "policière" : la sympathique série B "Fury at Furnace Creek", le décevant "Pursued" (pourtant crédité de la meilleure réputation), et donc le divertissant "Five Card Stud", qui reste mon préféré du trio, malgré des critiques parfois sévères.
J'ai lu plusieurs fois que Henry Hathaway mélangeait western et film noir, ce qui est faux, les codes du film noir n'étant pas présents (pas de récit en flashback ni d'anti-héros, pas de femme fatale ni de poids de la fatalité), contrairement à "Pursued".
Non, "Five Card Stud" serait plutôt un polar de type whodunit, intégrant les codes du giallo (et bientôt du slasher), avec un assassin vengeur mystérieux, un mode opératoire, des fausses pistes et de l'humour noir... le tout dans un décor de western.
Je conçois que certains aient pu trouver le mélange indigeste, d'autant que le rythme n'est guère échevelé, et que l'identité du meurtrier apparaît rapidement évidente - encore que pour ma part, j'ai longtemps cru à une fausse piste trop flagrante justement.
J'ai lu aussi que Hathaway ne s'était pas trop investi dans ce film auquel il ne croyait pas, et que la mise en scène s'en ressent. Admettons...
A titre personnel, j'ai passé un bon moment dans cette bourgade du Colorado confrontée aux débuts de la ruée vers l'or. Le ton se veut plutôt léger, et la dimension pittoresque du western est bien présente, à l'image de cette bagarre mémorable dans un cimetière, ou du salon de barbier tenu par la belle Inger Stevens, qui propose aussi des prestations plus chères et plus intimes...
Pour autant, le temps d'une longue scène de fusillade, Hathaway montre bien l'escalade de la violence et la folie des hommes, lorsque la suspicion et la psychose collective s'installent dans une petite ville du Far West.
Et puis surtout, "Five Card Stud" peut s'appuyer sur un casting de premier plan : si Dean Martin apparaît vieillissant et fatigué, son charisme reste intact dans ce rôle de joueur professionnel droit et intègre. Idem pour Robert Mitchum en pasteur adepte du coup de feu, qui ne se fatigue pas trop et ressort sa panoplie de "La nuit du chasseur", mais quelle aura, quelle présence!
Pourtant, celui qui m'a le plus épaté, c'est l'excellent Roddy McDowall, impressionnant de veulerie et de folie perverse. Enfin, Yaphet Kotto doit se contenter d'un rôle de serviteur fidèle, comme souvent les acteurs noirs à l'époque.