Impressions d'après visionnage.
Alors que rien ne s'arrangeait pour que je puisse aller voir le nouveau Garland, je me décidais à demander deux heures de récup pour m'extirper de ces entrepôts pour me diriger vers une salle obscure en solitaire.
En court : Les forces armées de l'Ouest des USA se dirigent vers la capitale pour reprendre le contrôle du pays et destituer le président. Alors que nous suivons nos 4 protagonistes journalistes/photographes/de guerre aux profils divers sur une route qui les mènera vers l'ultime photographie, se dressent des scènes aux multiples décors. Ce chemin vers Washington D.C. n'étant qu'un liant vers des moments décalés, de tension, d'urgence, équivoques, hors-sol.
Voici donc quelques reproches qu'on pourrait faire d'emblée à Civil War. Le manque de profondeur des personnages, les scènes qui s'enchaînent sans véritable exploitation du potentiel dramatique et blablablabla.
Osef, tout ceci a été fait maintes fois, les jugements moraux, vous les porterez vous-mêmes (ou pas).
Nos journalistes sont là pour attraper les images au vol. Comme l'évoquera le personnage de Kirsten Dunst, ils ne sont pas là pour se poser des questions mais pour témoigner afin que d'autres personnes se posent ces questions.
Toutes ces étapes/mini-épisodes ont leur identité propre. Un Tarantino les aurait volontiers chapitrées.
Alors qu'on pourrait croire que le sujet est la guerre civile états-unienne en mode post-apo, on découvre très vite qu'il ne s'agirait presque que d'une notion :
Saisir l'instant
Garland se sert des photos prises par nos deux femmes fortes, une qui se découvre solide, une qui se redécouvre fragile, comme d'un instrument narratif pour figer l'instant.
Car il ne s'agit que de ça, capturer des moments plutôt que de narrer un périple fondateur, un road movie qui feraient grandir les personnages.
Nul n'est grandi, il n'y a ni bons, ni méchants. D'ailleurs les côtés qui s'affrontent sont souvent indistincts et tous aussi avides de sang et/ou de victoires.
Entre moments suspendus et hypertendus, la quête du tableau parfait de nos voleuses d'images professionnelles se joue en paparallèle de celle du réalisateur.
Ce que d'aucun considèreront comme de l'inconsistance, je la verrai plutôt comme une envie de ne pas s'apesantir sur les idées trop évidentes. Merci Alex.
Quel plaisir de voir Kirsten Dunst avec sa barre d'XP au max, elle qui joua tant l'ingénue ou de revoir Stephen McKinley Henderson (si si, rappeler vous DEVS, la série de Garland) dont le visage apporte beaucoup à la compo de l'image, comme peut le faire celui de Anya Taylor Joy.
Que dire également des choix musicaux ? Quand, sortant de nulle part, un morceau de rap d'un album parsemé du symbole "peace" vient accompagner une scène macabre ou quand "Rêve, bébé, Rêve" de Suicide vient ponctuer l'ultime cliché, je suis conquis.
Vivez donc l'instant en regardant Civil War sans vous embarrasser de cette poisseuse morale ou de ces lestes considérations de profondeurs des personnages, elles n'ont que faire dans cet ouvrage.
A24 rules.
Cadeau :
Dream baby dream