Attention, si vous vous attendez à un gros film de guerre ou à un thriller de géopolitique uchronique, passez votre chemin ! Déjà parce qu'évidemment, "Civil War" n'a rien d'un blockbuster. Même s'il est à ce jour la plus grosse production A24 (50 millions de dollars de budget), il reste un film d'auteur.
Ensuite parce que le réalisateur et scénariste présente volontairement son histoire à hauteur d'homme, et le flou qui va avec. On sait que les USA sont plongés dans une nouvelle Guerre Civile. Que plusieurs factions s'opposent. Que le président au pouvoir est à son 3ème mandat et a sérieusement dérapé. On n'en saura guère plus sur les tenants de la guerre.
De quoi en frustrer certains, mais c'est aussi ce qui donne au film une certaine portée universelle. On suivra un groupe de journalistes voyageant entre New York et Washington DC, tentant d'interviewer le président. Cette aventure picaresque dépeindra le chaos ambiant, pas si différent ce que montrerait des médias occidentaux d'une guerre civile en Afrique.
Et Alex Garland va à l'essentiel, pour traiter principalement deux sujets : le rôle des correspondants de guerre et ce qui gravite autour (passivité relative, rapport à l'image, cynisme...); et les profondes divisions au sein des USA. Le tout saupoudré de réflexions sur l'absurdité des guerres en général.
L'ensemble est intelligemment écrit, on ne nous prend pas par la main avec des surexplications. On découvre peu à peu ce bazar, et quelques passages sont grinçants à souhait sur les USA.
Si ce n'est quelques artifices scénaristiques, le récit est dynamique. J'ai d'ailleurs été étonné des séquences d'action. Plus nombreuses que ce à quoi je m'attendais, et relativement spectaculaires pour une telle production (le final, notamment).
Tandis que les acteurs sont très bons, surtout Kirsten Dunst et son arc narratif de reporter de guerre qui a vu des choses horribles mais a toujours su rester passive. Et qui va évidemment être affectée par ce conflit domestique...
Un film original, bien mené et bien écrit.