Scénario.
L’histoire qu’on suit ici est à la fois le talon d’Achille du film et sa meilleure idée. Je m’explique.
Dès le début du film, une réplique lancée d’un des personnages nous donne le but à atteindre. À partir de là ils vont s’en tenir au plan, et on peut alors se dire que le récit est très linéaire.
Mais là où le film aurait pu se perdre à complexifier son intrigue, s’étaler sur les causes politiques qui ont mené à cette guerre civile, il décide tout simplement de s’en tenir à son objectif. Ne pas dévier de la trajectoire initiale, comme nos protagonistes.
Le scénario se focalise sur ces 4 personnages unis par leur hardeur et leur détermination, témoins silencieux et passifs de cette guerre. Sa simplicité permet de se focaliser sur l’humain au centre de la guerre.
Photographie.
Obligé de prendre soin de l’image du film quand ton film suit des photographes. Pour ça le pari est remporté.
La photographie est soignée et nombre de plans sont d’une beauté crue et graphique, arrivant à trouver de l’art dans la cruauté entre les hommes. On alterne entre vidéo et photos prises sur le vif, avec un grain argentique et un vrai travail sur la lumière.
Comme pour son scénario, le film ne va pas aller chercher de gros plans larges numériques de villes américaines réduites en cendreS, mais se concentre plutôt sur les détails, l’humain, le réel.
Réalisation.
Partant de son histoire simple, il fallait miser sur la mise en scène pour que la mayonnaise prenne. Et ça a pris.
Le film vous tient de bout en bout, la caméra parle à la place des personnages, qui n’ont pas besoin d’en dire beaucoup pour qu’on ressente ce qu’ils ressentent.
Les photographes sont filmés comme des militaires, arme au point, à couvert, dégainant leur appareil pour capturer THE cliché sous les balles ennemies. Le parallèle marche très bien et offre une double lecture de la guerre qui se déroule sous nos yeux.
Musique & Son.
Pour un bon film immersif il faut un bon son. C’est particulièrement le cas pour les films de guerre ou d’action, qui s’illustrent souvent à l’Oscar du meilleur mixage son (Dune, Top Gun : Maverick, 1917 pour ne citer que les plus récents).
Ici, la tension et l’ambiance oppréssante s’appuient beaucoup sur le travail du son, entre les moments calmes d’une Amérique à l’abandon, et les sursauts brutaux de tirs et de cris qui viennent déchirer ce silence.
La musique n’est pas en reste. Elle vient apporter du dynamisme et souligne les shots de plaisir que prennent les personnages au fil de leurs aventures.
Acting.
Dunst, Moura et Spaeny épatent par leur justesse. Un jeu qui passe par les regards, les pauses et les gouttes de sueur. La peur animale laisse place à une soif d’adrénaline.
Mention spéciale pour la jeune Cailee Spaney, méconnaissable après son rôle d’épouse ennuyée et ennuyeuse dans Priscilia, elle nous offre ici un panel d’émotions brutes et sincères.
Cœur.
Heureusement que le bouche-à-oreille a fonctionné car je n’aurais pas parié sur ce cheval, tant la com et l’affiche nous laisse penser à un énième film de guerre dystopique à base de guns et d’explosions écervelé.
Je suis resté scotché à mon siège pendant tout le film, la tension est très bien gérée et monte petit à petit sans relâche. On est emporté par la beauté des plans et la réalisation, qui nous font oublier un scénario simple mais efficace.
Le baromètre est donc à Très bon moment / 5. À aller voir !
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