Mis à part que je connaissais Costa-Gavras pour avoir été l'assistant-réalisateur d'Henri-Georges Clouzot sur son fameux film inachevé, L'Enfer - film expérimental d'un tout autre style que cette sublime tragédie amoureuse et les films qui rendront le réalisateur grec célèbre - , je me suis plongée dans la filmographie d'un des maîtres du film politique et engagé à contre-sens, pensant que les contre-exemples en disent bien plus que le parfait exemple.
En choisissant adapter ce roman de Romain Gary (dont je n'avais jusque là pas entendu parler), Gavras réussit de poétiques et poignantes déambulations cinématographiques, croisant quelque peu le genre fantastique et utilisant savamment le côté un peu sombre, inquiétant voire mélancolique de notre chère capitale (en particulier, dans les scènes de nuit, qui donnent lieu aux belles errances du duo principal de comédiens) pour livrer une brillante œuvre de l'espoir dans le désespoir et la solitude, entrecoupée de quelques pointes d'humour qui en "allègent" l'atmosphère, notamment avec les seconds rôles un peu décalés, achevant d'en faire une expérience étrange mais accrocheuse, qui n'en finit plus de hanter la mémoire.
Je crois même devoir le compter parmi les films qui m'ont plus que touchée, réellement désarmée. Les acteurs principaux , pour qui j'ai une grande tendresse et dont les jeux se répondent et complètent comme à l'accoutumée, étant une fois de plus tellement parfaits dans ces rôles d'écorchés vifs qu'on pourrait s'y aveugler devant :
-Yves Montand communique sa détresse et son deuil impossible de manière magistrale.
-Romy disparaît derrière sa propre douleur et celle de son personnage, qui ne finissent plus par faire qu'une, lui donnant l'ultime occasion d'illuminer l'écran avant que son aura douloureusement fantomatique ne la rattrape et qu'elle ne s'éteigne elle-même.