Je ne connais aucune des intentions de réalisation de Gaspard Noé sur ce film et à vrai dire peu importe. Je vais donc juste évoquer ce que j'ai cru comprendre et ça se limite à une variation des paroles de Michel Sardoux:
Si la folie ça se danse, l'enfer aussi visiblement.
On a donc droit à un film divisé en deux parties. Une sorte de prologue qui nous présente grosso modo nos personnages non sans quelques fulgurances typiques de l'iconoclaste que veut être Gaspard Noé. Sauf les problèmes commencent ici: c'est lent,pas fin du tout et du coup un peu vide. Je n'ai rien contre la lenteur dans un film, mais les discours "face cam" de personnages qui débitent des lieux-communs c'est quand même un peu fatigant à la longue. On sent que c'est une volonté du réalisateur de part les références qu'il prend et affiche sans aucun complexe lors de cette fameuse scène d'exposition mais c'est pas pour autant que ça me plait.
Je n'ai pas aimé "la Maman et la Putain", je n'aime pas plus sa version new edge.
Le problème qui ressort de cette exposition c'est qu'elle donne plus des stéréotypes aux personnages que des caractéristiques faisant plus d'eux des marionnettes que le réalisateur pourra maltraiter à sa guise, que des humain auxquels le spectateur s'attache.
Là encore c'est surement voulu mais je n'ai pas accroché à "Salo ou les 120 jours de Sodome" je n'accroche pas non plus à sa version New Edge.
De fait avant même son "climax", le film accuse un manque de fond d'autant plus dommageable que sa réalisation et les chorégraphies proposées sont très bien menées pour qui aime les mouvements de caméra acrobatiques (les plans-séquences surtout), les néons, la musique électro et la danse aussi, beaucoup de personnes de ma génération en somme. Et là, arrive la déchéance promise par l'abus de Sangria.


C'est le moment où des spectateurs quittent la salle, outrés par une violence graphique et psychologique qui peut paraitre un brin gratuite. Le film semble alors s'emballer et basculer dans l'horreur mais pourtant il reste toujours dans son thème: la danse. On assiste en effet à une chorégraphie des corps s'associant à la mise en scène, l’intradiégétique au diapason de l’extradiégétique pour exprimer déchéance, folie, et mal-être d'une société en perdition... grosso modo un vilain bad trip. Et c'est beau, bien fait, les plans-séquences donnent un vrai caractère de danse de l'enfer sans fin ni repis à cette soirée tout comme la photographie, le choix des musiques et le mixage sonore.
J'ai aimé "Suspiria" et j'aime bien sa version New Edge.
On se prend facilement au jeu mais, au bout de quelques minutes on se rappelle que c'est quand même très artificielle cette histoire, que les personnages sont vides et de fait leurs destins ou souffrances nous importent peu. J'ai ressenti le même sentiment que devant "Mother" de Aronofsky, où le caractère allégorique trop poussé du film finissait par rendre le rendre bancal. Ici, c'est l'esthétique qui phagocyte "Climax", ne laissant rien au spectateur qui resterait en dehors de ce "trip sensitif". Les minutes passent et on sort un peu du film, on regarde pour voir jusqu'à quels extrêmes la chorégraphie macabre va aller et, finalement, ça se calme. Gaspard peut nous lancer sa dernière boutade en nous privant d'un générique mais c'est un peu tard, je suis sorti du film depuis longtemps, le charme est rompu. Est-ce un bon film ou non? Difficile à trancher tant l'expérience de son visionnage variera entre spectateurs, mais sur moi ça n'a pas pris. J'ai vu un beau spectacle de danse mais j'étais venu pour du cinéma.

Stravogiine
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le 25 sept. 2018

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