Le cinéma de Noé est toujours clivant, et si ce film ne déroge pas à la règle, il doit tout de même être un des plus abordables. Moins expérimental qu’Enter the Void, moins bouleversant qu’Irréversible et moins provocateur que Love, Climax pioche tout de même chez tous ces films.
Esthétiquement, Climax est une véritable claque, plus que n’importe quel autre Noé. Les chorégraphies sont magnifiées par des plans-séquence aux mouvements alambiqués, pas de doutes, on est bien chez Noé. Le jeu sur les couleurs ne fait qu’appuyer une atmosphère déjà changeante, en raison des dialogues qui illustrent la dégradation progressive de l’ambiance.
On sent vraiment que le film est en grande partie improvisé. C’est sûr, à privilégier l’improvisation, le film gagne en réalisme, mais des longueurs se font ressentir par moments, et si tant est qu’on n’est pas bouleversé par les évènements, alors le film ne présente plus aucun intérêt.
Pour ma part, même si j’ai globalement apprécié, je pense que Noé va loin, et parfois trop loin. Il s’agit clairement d’une descente aux enfers, mais j’ai toujours cette impression, comme dans Love, que les traits sont forcés simplement pour être toujours plus provocateur, ou pour atteindre un quota de scènes chocs, ce qui dessert parfois le propos du film.
Alors que mes boyaux se tordaient à l’idée qu’une femme enceinte se prenne des coups de pieds dans le ventre, ou qu’un gamin ne puisse boire le contenu inconnu de la sangria (je qui à mes yeux pourrait déjà être un sommet de la déviance), Noé vient ensuite ajouter des scènes de sexe dont le film aurait pu se passer, ou encore de l’inceste qui, même si elle est bien introduite, reste outrancière. A un moment donné, j’ai l’impression que Noé vient ajouter du seul dans un plat qui en contient déjà suffisamment.
En définitive, je suis plutôt favorable à la démarche de Noé, mais j’attends avec impatience le jour où il cessera de vouloir faire du subversif à outrance, car je pense qu’on peut en faire moins tout en restant autant, voire en étant plus impactant pour le spectateur. Je pense toutefois que Climax reste un des meilleurs films pour appréhender le cinéma de Gaspard Noé.