J’accueille chaque film de Gaspard de manière très indépendante et il est un des réalisateurs dont je peux comprendre (et même soutenir) qu'on puisse détester ses films !
Si j'ai découvert le bonhomme avec la "bombe" Irréversible (que j'ai beaucoup aimé), j'ai ensuite découvert Seul contre tous qui m'a mis très mal à l'aise (et je continue à le trouver bien pire que sa "suite") et enfin, Enter the void, qui m'a envoûté par ses audaces stylistiques et narratives. Love, lui, ne me fait pas vraiment envie.
Bref, c'est l'ascenseur émotionnel et je peux passer alternativement dans le camp des défenseurs et des détracteurs de l'enfant terrible du cinéma hexagonal. Là, l'ascenseur se joue carrément au sein du film :)
Le début est étonnant, c'est la 1ère fois que je ris dans un Gaspard Noé (je vous jure, ça fait tout drôle !). Mais c'est pour mieux nous plonger par la suite dans l'horreur... Car le film, contrairement au reste de sa film, n'est pas du tout traité comme un drame mais vraiment comme un film d'horreur.
Du coup, quand la bascule s'opère, c'est très brutal et dérangeant mais déjà pointe alors pendant le film des figures No-ésque qui pourraient sentir la redite,
que ce soit le traitement du générique, rarement à la fin ou dans le bon sens chez lui (ici, c'est en 2 fois, dont une au bout de 2mn et l'autre avec le style graphique de celui, génial, il est vrai, de Enter the void) ou encore cette manie (bon, ok, ça fait 2 fois mais ça fait déjà 2 fois de trop) de vouloir donner des coups de pieds dans le ventre d'une femme enceinte...
Là, j'avoue que de retrouver ce que je pensais avoir laissé derrière moi avec Seul contre tous, a clairement opéré une rupture dans mon appréciation du film.
Du coup, un peu sorti du délire, j'ai moins apprécié des séquences pourtant stylées et angoissantes
comme ce danseur qui semble se désarticuler dans le hall d'entrée (et qu'on croirait issu d'un Silent Hill),
la prestation habitée de Sofia ou encore la dernière grosse scène,
qu'on croirait issue d'un des cercles de l'enfer de Dante ! Il faut voir cette caméra se balader à l'envers, au milieu de ces amas de chair aux mouvements extatiques de sexe et de violence (même si, encore une fois, entre les mouvements et la couleur rouge sombre, on retrouve le style de la balade dans la boite d'Irréversible mais en beaucoup moins lisibles ici : cela amoindrit les effets).
Au final, qu'est-ce-que je retiens du film : réalisé avec toujours autant de style (au risque de redites), sans aucunes barrières morales (parfois ça passe, parfois ça casse), j'ai passé des bons moments, des moments + dures, je me suis fait chier sur certaines scènes (le film dure 1h de moins que Enter the void et c'est pourtant le sentiment contraire qui m'habitait pendant la séance !).
Ok, Gaspard, c'est comme d'habitude, tu ne laisses personne indifférent (il fallait voir la tête des gens quand les lumières se sont rallumées, personne ne bougeait, se demandant ce qu'ils venaient de vivre) et c'est pour cela que ta filmo n'est pas vaine. Pour ma part, cette fois, c'était limite... A la prochaine ;)