Une intro, une chorégraphie, la joie de vivre dans l'ébriété, l'état second. Puis vient l'hypocrisie. Les dialogues qui s'approchent plus du film d'auteur que de genre. Mais Gaspar Noé nous rappellera ce qui fait sa réalisation : le transfert d'une émotion, d'une perte de repères, d'une angoisse.
Le film fait l'apologie du glauque, toujours dans la magnification du morbide comme le réalisateur sait bien le faire. Le malaise sera à nouveau mis en avant par une caméra volatile et la direction photographique toujours aussi captivante et angoissante de Benoît Debie.
L'objectif est simple : transférer le ressenti des personnages sur le spectateur, de la même façon que dans Enter the Void, de façon à ce que la transe atteigne ce dernier sans qu'il n'ait eu à consommer les substances qui font le malheur des personnages. Et l'objectif est atteint : La sensation du temps interminable du cauchemar sera créée par l'étirement des scènes, lorsque les événements les plus ingérables frapperont sans prévenir.
Le film nous fait aussi l'allégorie de l'hypocrisie humaine. Chaque personnage perd sa capacité d'empathie en même temps que ses repères. Un film musical qui dépeint les méandres de notre société.
Quant à la musique, électro expérimentale des années 90, elle saura accompagner le long métrage, si ce n'est le guider pour renforcer à nouveau l'angoisse et la fascination de l'oeuvre.
Une nouvelle oeuvre de Gaspar Noé qui rappellera que le cinéma n'est pas nécessairement destiné à distraire raisonnablement et créer le plaisir chez le spectateur, mais qu'il peut aussi être porteur d'un ressenti, si désagréable soit-il. Encore un film qui malgré le moment difficile qu'il suscite, ne nous demande qu'à y retourner.