Climax, réalisé par Gaspard Noé, est une plongée viscérale et hallucinée dans une nuit où tout dérape.
Visuellement, le film est un tour de force. Dès les premières minutes, le plan-séquence parfaitement maîtrisé et les cadrages inventifs imposent un style hypnotique. La photographie caractéristique de Gaspard Noé exploite les couleurs avec une puissance remarquable, rendant chaque scène iconique, que ce soit dans l’explosion de lumière ou les ombres étouffantes. Sofia Boutella, magnétique, donne une performance remarquable, capturant cette montée d'adrénaline avec une précision folle.
Justement, cette montée en tension, cœur du film, est une démonstration de maîtrise. La représentation crue des effets de la drogue et de la recherche de l’excès, sans filtre, donne au film un réalisme dérangeant. L’immersion est totale, et on ressent ce vertige collectif, cette spirale où la musique devient assourdissante et les gestes, désespérés. C’est un film audacieux, qui refuse de laisser indifférent, même si cet engagement total peut être perçu comme une faiblesse par moments.
Cependant, Climax n’échappe pas aux écueils de son propre excès. Certaines scènes – les plans de danse vus du dessus, des séquences érotiques ou encore la longue séquence inversée – semblent gratuites, comme si le film s’écoutait trop. De même, les 45 premières minutes, bien que techniquement solides, manquent de rythme, et l’ennui s’installe par moments. À vouloir pousser son concept à l’extrême, le film se montre parfois prétentieux, forçant une pseudo intellectualisation qui alourdit l’ensemble.
En dépit de ses longueurs et de ses excès, Climax est une expérience viscérale et unique. Si le voyage peut être inconfortable, il reste marquant. Ce film, à la fois hypnotisant et dérangeant, suscite une émotion mêlée de fascination et de malaise.