Le 13 septembre 1996 Tupac Shakur décède après avoir reçu plusieurs balle, de la part d'agresseur qui reste encore aujourd'hui inconnu. Triste conclusion des tensions entre rappeurs de la côte est et de la côte ouest. Un an auparavant Spike Lee mettait en garde contre la banalisation de la violence, en particulier au sein même de la communauté afro-américaine.
Spike Lee impose son message dès le générique. La violence entre noir est une absurdité, en plus d'être d'une horreur sans non. La faute au Hip-hop justement, qui en déviant de ses bases à encourager le crime, et à imposer une iconographie où les guns et la violence est omniprésente.
Mais la faute aussi aux blancs, qui ont acculés les noirs dans l'impasse du trafique de drogue. Même si cette critique n'est jamais clairement formulée elle parait évidente. C'est pour ça que le personnage de Victor Dunham est obligé de cumuler deux jobs pour avoir les moyens de se tirer de sa cité. C'est pour ça que son frère "strike" se complait dans le rôle du dealer, car il ne sait rien faire d'autre et ne connait rien d'autre.
Pourtant tuer un homme n'a rien d'anodin. Même pour "strike", le gamin biberonné par les sons de Tupac et Biggie, et par le boss de la cité, un tueur notoire. Celui-ci demande à son poulain de descendre Errol, un ancien collaborateur qui prend ses aises. "strike" hésite, demande conseil à son frère. A la fin de la soirée, Errol est allongé sur le trottoir avec quatre trous dans le corps.
Des noirs qui se flinguent pour des histoires de drogue ça arrive tous les jours, et les flics n'en ont rien à foutre. Tous sauf un, Rocco Klein, et c'est justement celui-là qui est chargé de l'enquête. Et voila "strike" harcelé de tous côtés pour son mode de vie immoral. Harcelé par Klein qui à tout prix éclaircir cette affaire. Mais aussi par "les siens", qui n'approuve pas le trafic et les méthodes qu'il entraine.
C'est un homme perdu dans une spirale infernal que film Spike Lee. Une âme qui doit trouver son chemin entre bien et mal, ange et démon. Respectivement l'inspecteur Klein et sa chemise blanche à laquelle l'éclairage donne bien souvent un halo lumineux. Et les partenaires de "strike" vêtus de rouge. Peut être en référence aux "bloods", un célèbre gang de Los Angeles. Mais je pense c'est plutôt fait pour rappeler les diablotins, suppôt de Satan. Et d'ailleurs que représente l'affiche du film? Un corpsnoir entre une bande blanche et une bande rouge.
Si le film qui a révélé Spike Lee s'appelle Do the right thing celui-ci aurait pu s'appeler Make the good choice. Tant cette dualité entre bien et mal est omniprésente, tant on voudrait voir ce vilain dealer mais néanmoins attachant ouvrir enfin les yeux et faire le choix de changer de vie. Mais comme il est justement rappelé par "strike" : "la vie c'est pas un film, c'est la putain de réalité". Un discours plein de fatalisme qui symbolise bien le personnage. Mais qui ne représente pas le ton de l'œuvre de Spike Lee qui se veut finalement optimiste.