La double imposture
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Pas besoin de scénario compliqué, de montage alambiqué ou de répliques absconses pour plonger le spectateur dans une profonde réflexion sur ce qui fait la beauté du cinéma : Close-up d’Abbas Kiarostami en est le plus flamboyant exemple.
Mêlant très habilement la fiction et la réalité, le cinéaste iranien suit dans l’intimité presque dérangeante d’un tribunal le procès d’Hossain Sabzian, accusé d’avoir usurpé l’identité de Mohsen Makhmalbaf, célèbre réalisateur perse, pour s’immiscer au sein d’une famille cossue.
Je le dis d’entrée je ne me suis pas renseigné sur ce qui était vrai ou faux dans toute cette histoire, et à vrai dire, je m’en contrefiche. C’est là toute la beauté de cet art que de ne pas avoir nécessairement à connaître la part de vérité dans ce qui est montré à l’écran. Au contraire, c’est sans doute préférable tant la confusion ajoute de la saveur aux réflexions qui sont faites par Sabzian devant le juge et la famille flouée.
C’est un film qui joue sur l’économie à de nombreux niveaux, qui se borne à n’explorer que le champ qui est le sien propre, et pourtant… Et pourtant il parvient à me toucher infiniment plus que n’importe quel film qui essaie de se donner un air intelligent sans pouvoir assurer derrière un solide bagage intellectuel à même de justifier cette prétention.
Kiarostami aime son métier, l’interroge avec sensibilité et intelligence : il fait de son cinéma une entité vivante qui aspire à conjuguer la nature conforme de son médium à celle du sujet, contingent et fragile, qu’elle représente. Questionner les limites du cinéma, ses buts et ses enjeux, son pouvoir déterminant dans les existences contemporaines frappées durement et parfois fatalement par la vie : tout y est dans cette pellicule d’une heure trente à peine.
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Créée
le 2 févr. 2021
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