Closer - Entre adultes consentants par pierrick_D_

Dan et Larry,deux anglais,se disputent Anna,une américaine.Bienvenue dans le monde des bobos londoniens.On est journaliste-écrivain,photographe ou dermatologue,on va à l'opéra ou dans des expos,on vit dans des lofts,l'argent n'est jamais un problème.L'amour si,par contre.Le film,tiré d'une pièce de Patrick Marber,porte la marque de son réalisateur Mike Nichols.Surtout du Nichols du "Lauréat",et plus encore de celui de "Ce plaisir qu'on dit charnel".Le cinéaste nous convie à une exploration amère et pessimiste des sentiments amoureux et plus généralement des rapports humains.Les deux hommes se livrent un véritable combat de coqs dont la finalité est tout autant l'amour que la satisfaction de leur ego.Ils veulent la fille mais ça ne leur suffit pas,ils désirent aussi vaincre leur concurrent,l'humilier,le détruire,l'éliminer.Pour satisfaire leur virilité certes,mais surtout par peur que leur rival ne revienne à la charge et leur enlève ce qu'ils ont si durement conquis.Parce que ces mecs ne sont au fond que des petits garçons immatures et pathétiques qui n'ont aucune confiance en eux.Et comme en plus ils sont menteurs et lâches,leur confrontation ne sera jamais directe et ne se matérialisera que par de la manipulation vicieuse et des coups bas.La dignité n'est pas non plus leur fort,comme en témoignent ces scènes face à leurs compagnes dans lesquelles,trompés et quittés, ils posent des questions sur les détails sexuels des adultères,gueulent,insultent,pour finir par s'effondrer,pleurnichant et suppliant.La vision de la masculinité ici présentée est donc décapante et cruelle mais les femmes,bien que plus dignes,ne sont pas épargnées,tant on les montre indécises et versatiles."Closer",exercice caustique et réaliste,met violemment en lumière les faiblesses et les tares humaines,mais souffre du décalage énorme,propre au cinéma hollywoodien,entre des dialogues graveleux d'une crudité extrême et des images d'une sagesse toute puritaine.Les quatre stars présentes s'en sortent avec des fortunes diverses.Julia Roberts et Jude Law sont transparents bien que Law,qui joue un type abject,n'aie pas hérité d'un rôle de composition.Natalie Portman est un peu mieux mais son personnage est finalement assez secondaire.Heureusement,il y a Clive Owen,magnifique comme toujours,dont la puissance et la justesse illuminent l'écran.Il est à remarquer qu'il sera à nouveau en couple avec Julia Roberts quatre ans plus tard dans "Duplicity".