Débarrassons-nous tout de suite de la comparaison qu’a pu subir ce film avec les premières œuvres de Xavier Dolan. Hormis le fait que le film soit canadien (mais pas québécois, mais la nuance est de taille) et que l’adolescent et personnage principal soit en recherche de sa sexualité mais davantage attiré par les garçons, il n’y a pas grand-chose en commun. Ah il y a aussi le frère d’un acteur utilisé par Dolan pour être un vecteur de fantasme (Aliocha Schneider ici contre Niels Schneider chez le jeune prodige québécois) et qu’on emploie ici dans une fonction jumelle. Mais cela relève plus du hasard ou du clin d’œil que du plagiat ou d’une référence car leur cinéma est loin d’être identique. « Closet Monster » sait faire entendre sa petite musique singulière sans avoir à être comparé au cinéaste de référence québécois (avec, dans un tout autre genre, Denis Villeneuve ou le défunt Jean-Marc Vallée). Et ce petit coming-age movie plein de justesse et de sensibilité s’avère être en plus un film réussi et touchant.
C’est une œuvre pleine de sincérité et d’originalité malgré un canevas narratif usé jusqu’à la corde à base d’adolescent en crise et d’atermoiements sexuels. Stephen Dunn dont c’est le premier essai (resté malheureusement sans suite) trouve une tonalité qui sort du lot à son récit d’apprentissage. Notamment par l’insert de séquences parfois oniriques (les rêveries d’Oscar) mais aussi et étonnamment horrifiques à d’autres moments (toutes celles avec les séquelles du trauma d’enfance) voire caustiques et décalées parfois (le hamster qui parle, peut-être le versant le moins réussi et le plus inutile). Il y a également une profondeur certaine dans ce récit auquel on sent une part autobiographique dans la relation tumultueuse et dure avec les parents. Une toile relationnelle bien creusée donc, âpre et émouvante.
D’autres scènes s’apparentent plus à des passages obligés comme celle de la soirée mais elles sont exécutées avec soin et les dérapages en forme de rupture de ton comme vu plus haut les rendent moins classiques que prévu. En outre, le jeune Connor Jessup est très attachant à l’instar de son personnage. Ses problèmes d’identité sexuelles et familiaux, comme le traumatisme qui bloque une partie de ces désirs sont émouvants et forts. La bande originale très pop sied parfaitement à cette histoire et on adore le décor rarissime où se déroule l’action : la province canadienne de Terre-Neuve et Labrador qui imprègne fortement le récit par son isolement et ses décors particuliers et dépaysants. Un petit film tout mignon et bien plus profond qu’il n’y parait qui réchauffe le cœur après l’avoir touché.
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