Cloud Atlas représente une exercice de style : 6 morceaux entrelacés, avec un panel réduit d'acteurs.
Pour ceux-ci, tous ou presque passent par le travestissement (le début du générique de fin te laisse sur le cul : tu pensais avoir identifié tout le monde dans les rôles multiples et puis en fait non). Et le casting est superbe; les acteurs sont excellents dans leurs différents rôles, et les étoiles brillent : Hanks, Sturgess, Grant, Berry, Broadbent, Wishaw, Weaving... pas de fausse note de ce côté-là (je regrette juste le côté effacé de Sarandon que j'apprécie mais qui est cantonnée à l'illustration ici).
Pour les nécessité de la narration, ils sont tous grimés pour ne pas apparaître trop évidents d'une époque à l'autre. Mon côté occidental donne un thumbs up pour les maquilleurs qui s'en sortent pas trop mal dans l'asiatisation des personnages (moins dans l'occidentalisation en revanche). Et d'une manière général, les décors et les costumes sont excellents.
Chaque section a son histoire et son identité propre narrativement, et ses plus qui leur donnent du relief (sabir anglo-défaillant de la section post-apocalyptique ; gadgets bigbrotheriens du futur dystopique ; vieux hilarants en écosse du présent ; liens aux clichés des histoires d'enquête par l'ado dans la section 1973 ; trame épistolaire de 1931 ; huis clos sur un navire en 1849).
Mais elles sont inégales, cependant. On n'a pas autant d'émotions dans chaque saynète, et passer du grand comique de 2012 à la fresque historique de 1894 puis à la dystopie sci-fi de 2144 joue sur des registres tellement différents qui rendent le cocktail un peu indigeste émotionnellement pendant la première demi-heure avant que la sauce ne prenne.
Le montage est brillant. Un peu déboussolé au début, très vite les scènes et les époques se répondent et les quasiment 3 heures de films volent à toute allure. Il y a toujours un détail, une phrase, un élément qui permet d'établir un lien, de situer les personnages dans leur action propre autant que dans le déroulement général du film. La narration en est particulièrement magnifiée, l'effet papillon constant faisant écho de scène en scène, créant non une simple succession d'événements mais un véritable cycle.
Sans que cela ne gène l'immersion, j'ai trouvé un manque d'impact de la bande-son, avec l'absence d'un thème récurrent clairement identifiable, ce qui est regrettable quand l'une des six parties entières repose sur ce thème qui transcende les époques.
Autre petit regret : le message du film est simpliste. En même temps, avec une telle réalisation, un message plus complexe aurait peut-être été indigeste.