Besides that, mrs. Lincoln, how was the show?
Et dire que Liam Neeson a failli incarner Abe. Dommage d'un côté parce que ça nous prive d'un nouveau personnage qu'il incarne et qui meurt. Coup de bol de l'autre parce que Daniel Day-Lewis prouve encore une fois quel merveilleux acteur il est. Sa performance est d'une grande sensibilité, toute en petite touches. Il campe un Lincoln émouvant, une figure paternelle pour la nation bien plus que pour sa propre famille qui souffre de la position de son patriarche. La caméra tourne autour de lui, sublime les moments où le script insiste (lourdement parfois, il est vrai) sur les moments où l'homme d'Etat se complaisait à se faire conteur d'anecdotes.
Adulé par l'inconscient collectif étasunien, Lincoln renferme une grande part de légende dorée post-mortem, à la manière d'Henri IV en France. Son martyr en quelque sorte transcendant sa vie pour en gommer les aspérités. Cela transpire perpétuellement dans ce film, quasi-hagiographique.
Le script est propre, la campagne planifiée quasi-militairement pour parvenir à imposer le 13e amendement mettant enfin fin à l'esclavage, les tenants et aboutissants, et les logiques contradictoires à l'oeuvre sont bien rendues. Pas besoin d'être grand connaisseur de l'histoire de l'Amérique du Nord pour comprendre ce qui se passe (encore que, certains pourraient être surpris de voir qu'à l'époque, les Républicains étaient pour le changement social et les Démocrates pour la routine inégalitaire).
La réalisation est nette et sans bavure, mais John Williams commence à montrer certaines limites et livre une bande son trop discrète et manquant d'allant. Heureusement qu'on a une émouvante scène de vote à la Maison des Représentants, des rouflaquettes, des coupes de cheveux laides (tristement d'époque, le cheveu gras voire huileux est attesté par bien des documents photographiques) et un Tommy Lee Jones avec une moumoute d'un goût plus que douteux pour détendre dans une atmosphère qui se prend quand même vachement au sérieux.