Il y a dans "Cloud Atlas" six histoires. Six segments de la vie de chacun. Six morceaux de bravoure cinématographique. Mais certainement pas six films.

A y regarder de plus près, seul le segment de Sonmi aurait pu avoir son propre long-métrage. Mais il y a dans le film de Tykwer et des Wachowski la volonté de porter l'homme, le spectateur à incandescence, l'envie de construire leur oeuvre comme une succession de climax, de finishs haletants. En revisitant les conséquences et en observant l'être humain à travers les âges, les trois cinéastes créent un film foutraque mais jamais vain. Cette maîtrise de l'art de la mise en scène, de l'esthétisme romanesque, sonne comme la symphonie du voyage humain.

Ainsi, en l'espace de cinq siècles, le film, avec virtuosité, arrive à capter les sentiments de ses personnages et de la dimension de leur entourage, sans jamais verser dans le cynisme, la remise en question. Avec sagesse, les cinéastes font de ces personnages non pas des reflets mais des figures purement cinématographiques. De la rebelle Sonmi à la déterminée Luisa Rey. Du cinéma, "Cloud Atlas" en est imprégné. De la SF, du polar, de l'aventure, de la comédie. Dans un rythme harmonieux bercé par la mélodie de Frobisher, les six histoires cohabitent pour conclure un film qui n'en paraîtra finalement qu'un. Un pour six, six pour un. "Cloud Atlas" devient alors à l'image de ses personnages : une oeuvre emplie de l'art de la métamorphose filmique, comme ses acteurs rayonnant de charisme et de ses histoires protéiformes. De Tom Hanks à Halle Berry en passant par Hugo Weaving, Ben Wishaw ou Jim Broadbent, le casting sert la mise en scène, superbe, qui finit par servir son histoire pour toucher au fond du coeur.
De tous les artifices de cinéma utilisés, les acteurs réemployés représentent cette suite des choses et finissent de faire de "Cloud Atlas" une oeuvre infinimment riche, où Tykwer et les Wachowski réinventent et subliment le film choral, tel le "Magnolia" de Paul Thomas Anderson.

On en sort épuisé... et rassasié. C'est dans cet état d'esprit de la contradiction que se construisent les plus grands films. Cette cartographie des nuages en fait partie.

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le 15 mars 2013

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Marty Lost'evon

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