Cloud Atlas par pierreAfeu
2 + 1 = 6. Telle pourrait être l'équation de cette association pour le moins ambitieuse : 2 directions artistiques pour adapter un roman présenté comme inadaptable, jouant sur 6 temporalités (3 dans le passé, 1 dans le présent, 2 dans le futur) et autant d'ambiances, avec pour point commun, l'amour, en guise de sentiment intemporel et universel.
Brassant des thématiques aussi larges que le libre arbitre, l'engagement, le don de soi, en gros "le sens de la vie", le nouveau film des Wachowski-Tykwer se présente comme un récit multiple, au souffle romanesque et aux accents mystiques. Il faut rapidement oublier de chercher des liens entre les différentes histoires (quelles transmissions, pourquoi ces taches de naissance, s'agit-il d'une nouvelle illustration de l'effet papillon ?), pour se laisser porter par un pur film d'aventure(s), dense et plutôt inspiré. On regrettera cependant les accents new-age de la partie la plus éloignée dans le futur. On frôle alors l'abêtissement, alors que le reste du film réussit à rester simple sans vraiment verser dans le simplisme.
Question bons points, saluons un casting pas forcément excitant sur le papier, mais qui s'avère plutôt efficace dans les faits. Chacun(e) apparaît dans presque tous les segments, quelquefois beaucoup, quelquefois (très) peu. Au jeu de Où est Charlie ?, certain(e)s sont bien difficiles à repérer... Ainsi Tom Hawks et Halle Berry se montrent plutôt convaincants, tandis que Hugh Grant et Susan Sarandon font des apparitions efficaces. On notera le toujours glaçant Hugo Weaving (mais qui peut être très drôle) et le toujours excellent Ben Wishaw, tandis que Jim Broadbent domine le meilleur segment du film, celui de 2012, en vieil éditeur rebelle. Et puis il y a Jim Sturgess, qui se montre aussi convaincant que séduisant...
On ne s'ennuie pas devant Cloud atlas. On n'atteint pas le nirvana non plus. Mais l'aventure est bien souvent palpitante. Un film à voir comme on lit une bande dessinée, l'esprit au repos et les yeux aux aguets.