Un Film D'une Lourdeur
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le 17 sept. 2024
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Mais qu'est-ce que j'aime Jessica Hausner ! Un cinéma glacé, dénué de toute émotion, cynique et pervers, qui se meut dans son paroxysme à la comédie noire, ce que l'on peut observer dans ce bonbon acidulé qu'est Club Zero, objet filmique non identifié qui ne plaira pas à grand monde.
Visuellement, c'est un chef-d'œuvre. Ultra-esthétisé, jusqu'à l'artificiel, bourré de couleurs pastel qui en deviennent étrangement froides et inquiétantes. Les procédés stylistiques se répètent, la composition des plans est remarquable d'intelligence, le montage est à lui-même un personnage et la musique, moins présente et insistante que dans Little Joe, participe pleinement à l'ambiance qui se déploie tout au long du visionnage. Et il est là le deuxième gros point positif de cet OFNI, son atmosphère, savamment construite du début à la fin, malsaine et paradoxalement jouissive, de laquelle le jeu des acteurs est une importante caractéristique : robotique, récitatif, effrayant de froideur. Tout cela, qui pourrait paraître assez inconsistant, forme un ensemble d'une cohérence inouïe, inclus dans une telle œuvre.
Alors, pourquoi seulement 6/10 ? A cause de la première heure. Elle est correcte, mais ne transcende pas et la scénariste/réalisatrice à comme peur de pousser son concept trop loin, alors que c'est ce que l'on pourrait souhaiter de mieux au film. Tout est trop retenu, et en devient même ennuyeux, de même que les scènes de pseudo-secte, pas assez horrifiantes et qui auraient mieux pû être travaillées, de même que le traitement des différents groupes de personnages (élèves, parents, professeurs).
Après cette première partie qui peut être définie comme assez ratée sur le plan scénaristique, la dernière demi-heure confine au chef-d'œuvre. Une quintessence synesthétique jubilatoire, où le film assume pleinement ses ambitions et son pessimisme, déroulant son discours de manière remarquable, pratiquant un humour à froid incroyablement bien pensé (car Club Zero, en plus d'être un conte initiatique à la Candide, doit être pris comme une comédie noire, n'en déplaise à ses détracteurs n'ayant pas le recul nécessaire, allant même jusqu'à quelifier le film de dangereux), aboutissant à un final terrifiant, composé entre autres de deux scènes pivot, l'une dans un environnement onirico-mystique (particularité faisant partie intégrante du récit (représentation du paradis après le suicide collectif ?)), oxymore visuel entre horreur et sublime, et une phrase de fin, face caméra : "si vous avez la foi." Glacial.
Pas totalement réussi, donc, mais follement original et absolument brillant dans son somptueux final.
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Créée
le 18 févr. 2024
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