Régime strict
Ce qui est bien avec Jessica Hausner, c'est qu'elle n'a pas peur de choquer ni de susciter le dégoût, et tant pis si, à l'instar d'un Ruben Östlund, elle passe pour une poseuse et une cynique. Il est...
le 27 mai 2023
11 j'aime
...juste quelques réactions à chaud.
J'aime bien me souvenir de ce que j'ai pensé d'un film avant de me documenter ou lire quoi que ce soit à son sujet. Mais, heure tardive, la forme ne va pas être très structurée.
Première réaction. Thématiquement, très intéressant avec de multiples reflets de notre époque, et ses travers, malheureusement avec une réalisation pas à la hauteur. Ou plutôt à y réfléchir c'est peut-être déjà un défaut d'écriture. Les personnages sont un peu trop détestables.
En effet, pour qu'un film nous touche il faut quand même au minimum un ou deux êtres auxquels ont puisse s'attacher à défaut de s'identifier. Or la ou les auteures (Jessica Hausner et une autre personne) ne semblent pas nourrir de bienveillance pour qui que ce soit. On a un peu le défaut d'un Wes Anderson, une sensation qu'on nous joue une intrigue cérébrale avec des poupées de chiffons qui représentent des archétypes plutôt que des personnages réels.
Pour l'intrigue, il s'agit d'une nutritionniste s'occupant d'une sélection d'élèves d'un établissement privé pour enfants d'exception. Elle part dans un délire qui touche au sectaire. L'intrigue est surtout un prétexte pour critiquer en vrac, des pertes de valeurs en toutes sortes, famille disloquée, influence des réseaux, vidéoconférence, religion, new age. Le problème est que chacun reconnaitra dans cette dérive ce qu'il souhaite critiquer. Pour ma part, la petite classe d'élève qui pensent que leur parents les manipulent sans se sentir nullement manipulés, me font penser à des communautés virtuelles convaincues d'avoir un sens critique affuté sans jamais contester leur source interne. Peu importe quelle communauté. Mais pour simplifier un peut tout ce qu'on appelle des 'complotistes'.
Par contre, il est tout à fait possible que de la part de l'auteure de ce film il s'agisse simplement de critiquer au premier degré les modes du véganisme, de l'écologie et une inquiétude de la jeunesse pour la planète.
Mais manifestement l'œuvre est aussi très critique de la religion. Plutôt juste, dans la dépiction d'un fonctionnement de gourou : promesse de répondre à TOUTES les attentes de ses élèves alors qu'elles sont toutes différentes voire même opposées.
Le joli plan final, plante le clou, en imitant manifestement la Sainte Cène avec la seule rescapée de l'aventure à la place du Christ au centre alors qu'elle vient d'évoquer la "foi" enseignée par leur maîtresse.
Critique enfin des l'effets de la richesse. Education à coup de dépenses sensées régler les méfaits d'une vie moderne trop dissociée.
Bref, ce film est vraiment assez déprimant.
FInalement, et pour conclure, à mon avis l'identification de l'auteure du film est à chercher du côté de la maman pauvre. Pleine de bon sens populaire et dont la préoccupation principale est de nourrir bien son enfant. C'est la plus proche du but pour démasquer le gourou, mais elle finit par se ranger à l'opinion des autres parents par timidité de classe. Son enfant était aussi le plus équilibré et réfractaire aux élucubration sectaires mais il finit par supasser ses camarades pour plaire à l'une d'entre eux.
On tirera tous les parallèles qu'ont veut avec tik-tok instagram et les influenceurs.
Je pense que l'analogie est volontaire. Il me rassure de voir que les personnages adultes ne sont pas mieux que leur progéniture, sur-occupés par leur carrières ou par la volonté de ressembler à l'image qu'il se font d'eux-mêmes.
Voilà. Une satyre de société en quête de sens. Pas très drôle. Mais intéressante.
Créée
le 5 juin 2024
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