Cobra Verde pourrait être un nom de lieu aussi bien que celui de l'homme incarné par Klaus Kinski pour sa toute dernière collaboration avec Herzog. Un lieu en lequel on ne peut pénétrer sans franchir un dangereux portail portant l'écriteau « attention post-synchronisation méchante ». Une fois entré, on admire les paysages qui défilent de part et d'autre de l'allée : Colombie, Brésil, Ghana... Herzog a une fois de plus joué au globetrotter, pour la plus grande joie de ses cadrages comme de nos yeux. Ici une statue de Kinski, là une de Da Silva, ici une de Cobra Verde, là une d'Adjinakou. Qui sont-ils ? Toujours Kinski, parbleu !
Il ne faudra pas s'étonner de le voir rancheur, puis bandit, puis contremaître, puis marchand d'esclaves, puis commandant, alors qu'il va de pays en pays ; la crédibilité de l'acteur, dont on sait qu'elle débordait dans la vie réelle au point, notamment, d'exaspérer le directeur de la photographie, sert de liant à son personnage, mais cette aura ne s'étend pas sur le reste de l'histoire, témoignant d'une faiblesse handicapante. Les Brésiliens parlent allemand, les Ghanéens n'en sont pas, ils parlent aussi allemand, sauf pour les chants traditionnels (par ailleurs tout à fait qualitatifs). C'est le bazar et c'est mal pensé.
Il n'y a pas de substance dans chacune des incarnations de Kinski, et les rôles des Noirs se résument en apparence à une vaste mascarade. Ce n'est toujours pas ce film qui infirmera la présomption que Herzog a sacrifié la qualité de ses films en profondeur en allant chercher les richesses d'horizons lointains, même si le résultat est de toute beauté.
Quantième Art