Le film de Jean Boyer met en scène un Marius (Fernandel) ambitieux qui commence sa carrière comme tondeur de moutons en Provence : "j'ai compris qu'il valait mieux être tondeur que tondu"
Puis de tondeur de mouton, il passe à tondeur de chiens "chiens à mémère" avant de s'attaquer à la coiffure de dames pour lesquelles il a des prédispositions au bout des doigts…
Rapidement, c'est la consécration à Paris d'un petit salon de quartier jusqu'à un grand salon sur les Champs-Elysées où Marius devenu Mario tutoie les grandes de ce monde. Mais le succès lui monte à la tête.
Au-delà des bons mots et de la faconde habituelle de Fernandel, on trouvera dans ce film une petite réflexion sous-jacente sur l'importance de l'apparence dans notre société : une femme du monde délaissée par son mari, qui préfère les petites jeunettes, parce qu'accusant son âge se voit "rajeunie" par le coiffeur et en mesure de reconquérir son mari. Ultérieurement d'ailleurs, elle lui rendra la monnaie de sa pièce puisqu'elle le rendra, en plus, jaloux …
Une autre réflexion qu'inspire ce film, plus amère, concerne l'ambition qui, sans limites ou mal maîtrisée, conduit à la vanité et ici, en particulier à la perte de valeurs.
Georges Chamarat, excellent dans un rôle de médecin a parfaitement compris à quel point l'orgueil ou la vanité de Fernandel l'étouffe et se fera un malin plaisir de dégonfler tout ça pour son plus grand bien.
Mais je voudrais conclure cette critique par le plus beau personnage du film, pourtant très discret , qui est l'épouse de Marius depuis ses débuts et lui passe toutes ses frasques parce qu'elle a, instinctivement, confiance en lui. C'est Blanchette Brunoy qui tient aussi magnifiquement que discrètement ce rôle.
On peut donc voir ce film à deux niveaux :
- le premier, d'une comédie débridée avec un Fernandel aux doigts de fée, conquérant et séducteur en diable. C'est un bon divertissement où il n'est pas exclu de rire.
- Le second comme une comédie humaine et une fable sur l'ambition, la vanité, l'apparence