Un bon petit film, pas très bien rythmé
Mine de rien, c'est un sacré défi pour un réalisateur de garder le même degré d'intensité tout au long de son métrage afin de ne jamais lasser le spectateur. Le paradoxe, c'est que, pour cela, il faut marquer des temps de pause dans le récit afin de faire monter la mayonnaise... Oui, je sais, je m'égare déjà un peu, c'était juste pour introduire le principe de rythme, principal défaut de ce Cold In July.
Cold In July est un thriller, réalisé par Jim Mickle, tiré du roman du même nom. La volonté de ce cher Jim était de s'inspirer de la narration des films sud-coréens pour faire une grosse série B redneck encrée dans les années 80. Pour l'ambiance, c'est du tout bon, musique, paysages, costumes, coupes de cheveux et accessoires, on est à fond dans cette Amérique profonde, crasseuse et fascinante. Tout pue les eighties et le Texas sans raffinement.
La narration ? C'est une autre paire de manches. C'était pourtant une idée intéressante de passer du film de vengeance, au thriller policier jusqu'au vigilante movie mais dans les faits ça prend pas. La première partie super intense éclipse totalement la deuxième partie et le côté "Vigilanties" sort de nulle part puisque tous les personnages se retrouvent à des années lumières de leur objectif initial. Sans compter que les motivations du héros sont réellement obscures.
Le principe des ruptures de tons à répétition des films coréens, quant à lui, n'est utilisé que sur quelques scènes et je n'y ai pas vu la virtuosité d'un Memories of Murder pour passer du comique au drame et vice et versa.
Par contre ! La réalisation est impeccable, dynamique mais pas surcuté, quelques bonnes idées de mise en scène se démarquent du lot, je pense que Jim Mickle est un mec qui a de l'avenir. Les acteurs aussi, je suis très content de retrouver Michel C. Hall dans le rôle d'un mec qui ne parvient pas à surmonter son crime (comme quoi, tout est possible...) et qui a l'air de bien se remettre de son cancer. Sam Shepard fait du Sam Shepard et ça fonctionne très bien et Don Johnson est assez fendart en vieux "Discow-Boy" à l'accent bien épais. Niveau musique, j'ai bien aimé. L'effort de ressortir les vieux synthés pour mieux coller à l'ambiance est louable et certaines mélodies me sont restés dans la tête une petite heure après le visionnage.
En bref, c'est pas un film que je conseille de tout cœur parce que je trouve la deuxième moitié assez ennuyeuse et son écriture bancale n'aide en rien mais si vous avez l'occasion de le voir, ça reste un petit film sympathique qui se regarde tout seul (en VO pour les accent hilarants).