Authentique camp de prisonniers politiques de 1961 à 1991, le film nous fait vivre dans Colonia Dignidad, à la fois esclaverie et goulag chilien, particulièrement protégé durant le pouvoir politique de Pinochet, sous une façade de centre religieux et agricole. Tortures savantes, violences, exploitation humaine, expérimentations médicales, sexisme, pédophilie furent quelques ingrédients d’un de ces enfers sur terre tenu par un despote local, ancien nazi réfugié au Chili et régnant, à l’instar d’O’Brien dans 1984, sur son petit paradis personnel alimenté de destructions physiologiques et psychologiques, avec juste pour motivation primale le goût de la domination et la cruauté.
En 1973 un jeune militant socialiste Allemand se fait arrêter dans les rues de Santiago suite au putsch du dictateur fasciste et disparait comme bien d’autres victimes dans ce camp de la mort. Irrésolue, sa compagne intègre les lieux sous couvert de recherche de la foi, avec comme objectif complètement fou de s’y échapper avec lui.
La force et l’efficacité de ce film s’apparente à un La grande évasion, Midnight Express ou Les évadés, tout en se basant sur des faits et un site réels, et en dénonçant la barbarie et la complicité des pouvoirs, Occidentaux compris. Une œuvre au thème carcéral haletante dans son action, atroce dans son réquisitoire, et bouleversante dans sa romance.