En compétition au Festival international du film d'animation d'Annecy 2011, Colorful, produit par Sunrise et réalisé par Keiichi Hara (Un Été avec Coo), gagnera les salles de cinéma françaises en janvier 2012.
Le film sera distribué en France par KAZÉ et Eurozoom à partir de janvier 2012. Mais il sera d'abord possible de le découvrir en avant-première au festival d'Annecy en présence du réalisateur Keiichi Hara et de sa scénariste Miho Maruo.
Adapté du roman homonyme pour jeunes adultes d'Eto Mori, Colorful nous raconte l'histoire d'une âme condamnée, après avoir commis un crime dont on ignore la nature, à qui on offre une chance de se racheter en prenant provisoirement la place d'un jeune garçon qui vient de se donner la mort. Le défi pour cette âme perdue, à qui on a effacé la mémoire de son passé, est de se remémorer son crime à travers la vie de son hôte Makoto, un lycéen doué pour la peinture. S'il échoue, il disparaîtra du cycle de la réincarnation et Makoto mourra pour de bon. S'il réussit, il pourra se réincarner et sauvera la vie de Makoto.
Bien que cette mission soit présentée comme une seconde chance par PuraPura, sorte de guide céleste, notre esprit voyageur le vivra d'abord comme un châtiment.
En deux heures de film, cette drôle d'expérience, fort peu encourageante, nous emmènera très loin abordant différents thèmes de société qui touchent à la famille et au suicide à travers un concept et une mise en scène radicale mettant la morale du métrage tellement en valeur, qu'elle vient nous frapper comme un bon coup dans la poitrine. Colorful est un drame psychologique puissant et troublant de réalisme.
Dans le manga comme dans l'animation japonaise, on nous donne souvent à voir une jeunesse perdue, qui se sent seule et transparente, pour laquelle le suicide (ou la résignation) est la réponse à tout, laissant en plus derrière soi des proches particulièrement indifférents ou débarrassés d'une présence qui leur faisait honte. Nous ne chercherons pas à déterminer si c'est le reflet de la réalité ou non. En revanche, et c'est ce qui est difficile à admettre, c'est la façon fataliste avec laquelle on légitime et on accepte sans sourciller cet état d'esprit.
C'est là que Colorful prend le contre-pied et exprime, enfin, tout à fait le contraire ! On comprend qu'avoir des doutes est normal, que la souffrance fait partie de la vie tout comme les challenges qu'elle nous envoie, et que c'est ce qui fait ce que nous sommes. Qu'on ne doit pas avoir honte de ce qu'on est, qu'il faut être fort face aux difficultés et surtout qu'il faut apprécier les petites choses de la vie, comme la découverte d'un ancien circuit de tram avec un ami ou une partie de pêche avec son père.
Ici, la vie n'a pas besoin d'avoir un sens, l'apprécier pour ce qu'elle est suffit. La réussite sociale n'a pas besoin de contribuer au bonheur, celui-ci se trouve dans les liens que nous construisons avec les autres, avec ceux qui nous aiment et qui nous acceptent tel qu'on est. Ce qui se retrouve dans l'attitude des parents de Makoto qui n'aspirent qu'au bien-être de leur fils, à son épanouissement peu importe ses choix et pour qui le simple fait qu'il ait survécu soit un soulagement et une grande joie.
Dans Colorful, on ne vous applaudira pas parce que vous avez sauté d'un pont. On ne vous jugera pas non plus, on ne vous reprochera pas d'avoir renoncé, on ne vous fera pas la morale, mais on vous prouvera que la vie est précieuse et qu'elle a toujours plein de choses à offrir. Il vous suffit d'ouvrir les yeux et de vous laisser surprendre.
Un peu comme sur ce film, particulièrement saisissant. En effet, s'il n'est a priori pas vraiment engageant, triste, il finit progressivement par faire disparaître ce sentiment de porter le poids du monde sur ses épaules, et de se sentir désolé pour soi. Il nous donne envie de mordre la vie à pleine dent.
Et tout repose sur une animation efficace avec des changements de tons précis et une mise en scène absolue. Les premiers plans du film sont presque sans humanité. L'atmosphère est pesante et décourageante. D'emblée, il nous est très difficile d'aimer le héros et la famille de Makoto qui semblent figés dans leurs problèmes. Puis l'ambiance change petit à petit et on s'en rend compte. Ce n'est pas visible par un glissement de couleurs, de filtres ou de lumières, mais dans les scènes et les images qui nous sont montrées, globalement par les expressions de visages, notamment les sourires, et par les mots.
Les scènes montrant la famille de Makoto en train de déjeuner et dîner, qui reviennent régulièrement au cours du film comme un fil conducteur, sont représentatives d'un foyer blessé qui tente de se reconstruire.
On pourrait continuer à se pencher sur toute la symbolique de la mise en scène du long-métrage mais on prendrait le risque de vous spoiler. On vous laisse donc le soin de le découvrir et de laisser libre court à vos émotions.
C'est une bonne chose que d'avoir porté le roman d'Eto Mori sorti en 1998 à l'écran, l'histoire, rendue de ce fait plus accessible, le mérite amplement et le studio d'animation ascension a fait un travail de montage pertinent. C'est d'autant plus une bonne nouvelle que d'apprendre que Colorful sera distribué dans les salles françaises à partir de janvier 2012. On ne peut que espérer qu'il sera bien reçu chez nous.
Vous allez plus que jamais vous sentir vivant.
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