L’accès aux films russes de science-fiction reste assez rare. C’est donc avec curiosité et un peu de scepticisme que je me suis plongé dans l’histoire. Curiosité, car l’idée de départ, des personnes plongées dans le coma conçoivent un univers collectif basé sur leurs souvenirs, me paraissait séduisante. Scepticisme, car je craignais un film de série B, sans moyens, une pâle copie de productions plus connues.
Le résultat me laisse interrogatif.
Le film propose en effet de beaux effets visuels en utilisant toute une palette des trucages numériques pour nous plonger dans un univers onirique et déroutant. Un pari assez réussi même si l’ensemble n’atteint pas la perfection des superproductions modernes et sans doute plus argentées. L’aspect un peu amateur des décors confère aux images un certain charme.
Les acteurs y naviguent avec conviction. En tout cas pour le personnage de Viktor, l’architecte. La performance de Lyubov Aksyonova, qui incarne Fly, m’a laissé plus sceptique (problème de doublage ?).
La réalisation ne se prive pas de piocher dans un référentiel hétéroclite. Elle m’a fait beaucoup penser à « Inception » où l’on retrouve le même travail sur la verticalité, la pesanteur et la perte de repères. Il y flotte également un parfum de « Mad Max: fury road », sans doute à cause des costumes et des machines. Quant aux monstres, noirs et instables, ils auraient pu émerger de « Death Stranding », le jeu développé par Kojima en 2019. Ils apportent en tout cas, par leur menace omniprésente, un peu de relief à une quête somme toute convenue. Ah ! Et cerise sur le gâteau, les résidents ont des supers pouvoir qu’ils doivent apprendre à maîtriser comme les X-Men.
L’intrigue ne semble vraiment décoller que dans la dernière partie où les mécanismes de l’univers que nous avons largement arpenté (on marche beaucoup dans ce film !) se dévoilent. C’est dommage, car l’histoire aurait mérité un peu plus d’ampleur. Elle offrait matière à réflexions sur l’exercice du pouvoir, la manipulation, les handicaps, les relations entre l’imaginaire, le rêve et la création. Ces thématiques ne sont qu’esquissées, privant ainsi le film d’un souffle qui lui aurait conféré une autre stature. Proposer une vision de l'avenir et en même temps un éclairage sur la nature humaine, la science fiction est un genre idéal pour cela.
C’est, pour évoquer des exemples, le choix réalisé Andreï Tarkovski dans la version soviétique de « Solaris », en 1972 ou encore de « District 9 », un film de science-fiction sud-africain réalisé par Neill Blomkamp en 2009. Ce dernier, bien que l’action soit présente, n’hésite pas à aborder des thèmes sociaux comme le racisme, la ségrégation et l’exclusion sociale.
Donc j'en retire une impression globale mitigée, mais, après relecture de ma toute première phrase, il me semble que chacun devrait se faire son propre avis.